tag:blogger.com,1999:blog-1011914823876740632024-02-01T22:46:01.696-08:00Les Harkis, entre intégration et marginalisationAnonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.comBlogger10125tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-56439029843983668822013-02-23T00:49:00.000-08:002013-02-26T08:56:09.361-08:00UNE GÉNÉRATION PLEINE DE PRÉNOTIONS... Bienvenue,<br />
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Je m’appelle Mohamed Ben Saïd, j’ai dix-sept ans et je suis élève en première ES. Tout a commencé il y a deux jours. J’étais en cours d’histoire, comme tous les mercredis de neuf heures à onze heures, on venait d’entamer le chapitre sur la colonisation où le professeur nous enseignait la Guerre d’Algérie. Le cours se passait normalement quand tout à coup j’entendis de loin des élèves lancer : « Les Harkis sont des traîtres ! ». Ces mots sifflaient dans mes oreilles… J’ai commencé à avoir des frissons et la révolte qui montait en moi dressait chaque poil de mon corps. Je voulais en savoir plus. J’étais intrigué par leur conversation. J’avais envie d’écouter ce qu’ils disaient afin de comprendre leur point de vue, de comprendre pourquoi d’après eux les « Harkis sont des traîtres . J’ai donc tendu l’oreille mais n’ai pas pu les entendre à cause du brouhaha des élèves autour de moi et de la voix du professeur qui continuait son cours. J’étais choqué. Cette question me hantait : pourquoi des jeunes de mon âge pouvaient avoir des prénotions comme ça? La guerre est terminée depuis plus de cinquante ans et la plupart d’entre eux n’ont jamais vécu en Algérie! Après les cours, j’ai couru directement à la bibliothèque municipale à côté de mon lycée pour en apprendre plus sur les Harkis. Après quelques heures de lecture, une idée m’est passée par la tête : créer un blog. J’avais envie de le faire pour prouver à mes camarades de classe et aux internautes du monde entier qui ont la même mentalité qu’ils ne connaissent pas assez sur le sujet pour émettre un jugement si borné. Vous devez vous demander maintenant pourquoi je prends tellement à cœur cette cause… À vrai dire, je suis petit-fils de Harki et j’aimerais expliquer à l’aide de ce blog, pour ceux qui ne savent pas, qui sont les Harkis et leur vie à travers l’histoire de ma famille. Je vais donc vous parler de l’expérience de mon grand-père en tant que supplétif algérien pour la France tout en précisant que c’est son expérience personnelle et que d’autres Harkis et leur famille n’ont pas eu la chance et l’opportunité de s’en sortir de cette manière quand d’autres ont subi un tout autre parcours. Mais j’aimerais tout particulièrement me concentrer sur leur intégration dans la société française de l’indépendance algérienne à nos jours. J’essayerai d’écrire le plus souvent possible en espérant vous apporter un plus.<br />
<br />
Sur ce je vous dis à bientôt !<br />
<br />
– Mohamed Ben Saïd<br />
<br />
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<img src="http://img.over-blog-kiwi.com/0/46/87/40/201302/phpdy1fSv" /></div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-85647918483292730742013-02-22T02:36:00.004-08:002013-03-01T11:22:58.764-08:00UN HARKI...C'EST QUOI? <!--StartFragment-->
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<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-autospace: none;">
Bonjour,<br />
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<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Dans la présentation de mon blog, je parle du terme harki comme si tout le monde le connaissait... Mais après avoir parlé avec beaucoup d'amis et de connaissances, je peux me rendre compte que peu en savent réellement le sens et l'histoire de ces individus, ce qui peut encore me servir à prouver l'ignorance de la population à l’égard de la condition harki. Je vais donc vous expliquer qui sont les harkis à partir de mes recherches personnelles.<br />
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<a href="http://www.tenes.info/galerie/albums/LESHARKIS/Harkis_interpr_te.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://www.tenes.info/galerie/albums/LESHARKIS/Harkis_interpr_te.jpg" width="218" /></a><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Le terme « harki » vient de l'arabe « haraka » qui signifie mouvement. Ce terme est polysémique et peu de personnes peuvent en donner une signification exacte. Il englobe donc souvent tous les citoyens français d’Algérie d'origine arabe ou berbère qui ont servi la France pendant la Guerre d’Algérie malgré les menaces du Front de Libération National et contre lui. Les harkis firent partie des « français de souche nord-africaine ». Cette appellation désigne plusieurs forces supplétives. Tout d’abord, les « moghaznis » chargés de la protection des Section Administrative Spécialisée (chargées de promouvoir l’Algérie Française, de fournir une assistance scolaire, sociale, médicale envers les populations rurales algériennes dans le but de les rallier à la cause de la France). Ensuite les GMPR (Groupes mobiles de police rurale) ou GMS (groupes mobiles de sécurité) devant protéger les édifices publics. Enfin les GAD (groupes d'auto-défense) et les « assès » (gardiens) des Unités territoriales. En tout, à peu près 200 000 algériens ont porté l'uniforme français durant le conflit. Le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, selon le rapport à l'O.N.U du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, on dénombrait en Algérie 60 000 harkis, un nombre approximatif et très controversé.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>La première harka (groupe de harkis) fut composée en novembre 1954 dans les Aurès par l'ethnologue Jean Servier. Elle n’était commandée par aucun militaire et n’était pas rétribuée. Il joua des conflits ancestraux entre les tribus et en monta deux ennemies l'une contre l'autre. Cette harka fut ensuite prise en main par l’armée et l’idée fut reprise et se propagea jusqu'à l'officialisation du terme en 1956, le 8 février par la note du général Lorillot (et le général Robert Lacoste) qui ordonna la constitution d'une harka dans chaque corps de l’armée. En 1959, le général de Gaulle accorda que le nombre de harkis (28 000 fin 1959) soit double.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Ces harkas ont été composées par l’armée française pour plusieurs raisons. Tout d'abord, en tant qu’algériens et parfois même anciennes recrues de l'ALN (au nombre de 3000), ils avaient une excellente connaissance du terrain dans leurs régions, étaient mobiles et très doués pour débusquer les caches et rebelles dans la nature mais avaient également connaissance des habitudes et des façons d'agir des fellaghas. Ils pratiquaient également la langue arabe ou berbère, étaient endurants et courageux. Ils permettaient également à l’armée de couper la population du FLN, pour qui elle est indispensable en vidant certaines zones de ses habitants et les regrouper dans des centres puis détruire les villages. La formation des forces supplétives permettaient également de contester la représentativité du FLN, qui se prétendait comme l'unique représentant des musulmans algériens, mais limitait également le nombre d’appelés français en Algérie, car une partie de l'opinion française était contre l'envoi des soldats en Afrique du nord.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Sachant que leur engagement allait les rejeter de la population pro-indépendantiste algérienne, on peut se demander pourquoi les harkis se sont engagés aux côtés de l'armée française. Il y a en effet plusieurs raisons qui les ont poussés à l'engagement.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Mon grand-père, comme beaucoup d'algériens, était pauvre et compte des victimes des exactions du FLN dans sa famille. Ainsi, son père et sa mère furent tués par un fellagha en 1957. En effet, l'engagement par intérêt économique, quoiqu'un des plus rares, fût tout de même présent, dues aux conditions de vie difficiles dans les campagnes, au fort taux de chômage et aux terres insuffisantespour nourrir les familles. Mais il ne faut pas oublier que la rétribution était minime en comparaison des risques encourus. Le motif le plus fréquent était ainsi le désir de vengeance face aux massacres injustifiés du FLN, qui, soucieux de s'imposer comme seul représentant du peuple algérien, choisit la répression et la terreur. Ainsi, le FLN menait le combat contre l’autorité française et contre le peuple algérien en assassinant des habitants au moindre soupçon d’opposition. Nombre de supplétifs ou d'anciens du FLN se sont ralliés au camp français pour la défense et la protection de leurs familles et pour fuir ou par refus de la terreur du FLN. Certains harkis se sont aussi engagés par solidarité pour leur famille ou leur clan mais également par patriotisme ou conviction politique. Elle concernait les anciens combattants convaincus de la supériorité de la France ou l’élite algérienne qui était naturalisée. Certains croyaient ainsi en l'action sociale des SAS et en leur pouvoir d’évolution pacifique de l’Algérie, quand d'autres pensaient que l’indépendance, inévitable, pouvait être obtenue avec l'aide française et non contre elle.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Mais il ne faut pas non plus considérer le rôle de l’armée française dans l’enrôlement de ces supplétifs comme nul. En effet, les exactions du FLN trouvèrent des réponses sous formes d'autres violences par le camp adverse (tortures, bombardements, ratissages...) et certains engagements étaient faits sous la force ou la pression. Effectivement, les directives de l’État-major stipulaient clairement que les officiers se devaient « d'inciter la population à se constituer en GAD et d'amener les musulmans à participer à la lutte contre les rebelles ». Les troupes utilisèrent donc divers moyens pour enrôler les « musulmans » comme désignés officiellement (malgré la laïcité française!). Un bureau de l'action psychologique fut créé, utilisant la propagande pour conquérir les habitants, des actions furent menées pour « mouiller » les musulmans et les condamner aux yeux du FLN. Plus rarement, des engagements étaient obtenus par la contrainte physique ou psychologique sous forme de menaces ou de représailles sur la famille.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Mais tout le problème de la question harki se pose dès leur désarmement fin 1961- début 1962 puis à travers leur abandon par le pouvoir français et leur appellation significative d' « oubliés de l'Histoire ». En effet, cette population harki est restée dans l'ombre, entre intégration dans la société française pour certains et marginalisation voire auto-marginalisation pour la plupart. Sans cesse en quête d’identité, les harkis et leurs descendants, dont je fais partie, sont toujours à la recherche de plus de reconnaissance de la part de l’État français. Je vais tenter d’éclaircir au cours de ce blog la situation des harkis et de leurs descendants, et je vous dis donc à la prochaine fois !</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-83624021843589799392013-02-21T02:38:00.000-08:002013-03-01T11:17:35.401-08:00UNE CURIEUSE DÉCOUVERTE! <div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Bonjour chers internautes,</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span><span style="font-family: inherit;">Pour ces vacances d’hiver, mes parents et moi avons décidé d’aller dans le Nord-Pas-de-Calais dans la maison de ma grand-mère, étant donné que plusieurs de mes oncles et tantes habitent là-bas nous pouvons nous réunir en famille durant deux semaines. Il est vrai que dans le village où habite ma grand-mère, il n’y a pas grand-chose à faire, et comme en plus de ça il fait froid, il est préférable de rester à la maison. C’est ainsi qu’hier, j’ai décidé de monter dans le grenier avec mon cousin pour retrouver des photos de nous petits. Mais en fouillant dans les cartons poussiéreux, j’ai été attiré par un cahier : sa couverture était en relief avec des motifs de toutes les couleurs. En parcourant les pages de cet étrange carnet, j’ai vu que tout était écrit en arabe et je ne sais malheureusement pas lire cette langue. Néanmoins, j’ai pu remarquer qu’à chaque fois il y avait une date à droite puis à la ligne un texte, de plus, des photos de mon grand–père jeune sont tombées sur mes genoux. J’ai donc décidé de descendre voir mon oncle, qui était de passage à la maison, car comme il connait la langue arabe, alors il pourrait me dire à qui était ce livre et de quoi ça parlait. Il a pris le cahier de mes mains et a commencé à lire… Ce carnet était en fait le journal de mon grand-père Souleymane Ben Said. Il a commencé à l’écrire lorsque il hésitait à s'engager dans la guerre d’Algérie auprès de la France.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span><span style="font-family: inherit;">A partir de ça, j’ai commencé à réfléchir à propos de l’alliance entre les harkis et les français : si depuis plus de 50 ans la plupart des gens pensent que les harkis sont des traîtres cela est dû au fait que ces Algériens ont combattu au côté de la France durant la guerre d’Algérie ce qui signifie que d’une manière, ils ont combattu contre leur pays d’origine afin qu’il ne devienne pas un état indépendant après près de 130 années de colonisation par la France. Mais avant de penser à ça, ne faudrait-il pas revenir à la base du problème et se demander pour quelle raison ces hommes se sont alliés à la France ?! C’est ainsi qu’après plusieurs recherches, j’ai trouvé des éléments de réponses à cette question que beaucoup de personnes oublient de se poser avant de qualifier les harkis de traitre ou de collaborateur… Différentes raisons sont à l’origine de l’engagement de ces Algériens auprès du camp français néanmoins on peut faire une distinction entre les volontaires et les contraints. Parmi les volontaires, le motif le plus fréquent était le désir de vengeance face aux massacres injustifiés du FLN, qui, soucieux de s'imposer comme seul représentant du peuple algérien, choisit la répression et la terreur. En effet, le FLN menait le combat contre l’autorité française et contre le peuple algérien en assassinant des habitants au moindre soupçon d’opposition. Nombre de supplétifs ou d'anciens du FLN se sont ralliés au camp français pour la défense et la protection de leurs familles et pour fuir ou par refus de la terreur du FLN. Certains harkis se sont aussi engagés par solidarité pour leur famille ou leur clan mais également par patriotisme ou conviction politique. Ce dernier engagement concernait les anciens combattants convaincus de la supériorité de la France (l’armée française possédait tellement plus de moyens par rapport aux indépendantistes algériens que beaucoup crurent que l’Algérie ne deviendrait jamais indépendante) ou l’élite algérienne qui était naturalisée. Certains croyaient ainsi en l'action sociale des SAS et en leur pouvoir d’évolution pacifique de l’Algérie, quand d'autres pensaient que l’indépendance, inévitable, pouvait être obtenue avec l'aide française et non contre elle. De plus l’armée française joua aussi son rôle dans l’enrôlement de ces supplétifs : en effet, les directives de l’État-major stipulaient clairement que les officiers se devaient « d'inciter la population à se constituer en GAD et d'amener les musulmans à participer à la lutte contre les rebelles ». Les troupes utilisèrent donc divers moyens pour enrôler les « musulmans » comme désignés officiellement (malgré la laïcité française!). Un bureau de l'action psychologique fut créé, utilisant la propagande pour conquérir les habitants. Enfin, l'engagement par intérêt économique, quoiqu'un des plus rares, fût tout de même présent, dues aux conditions de vie difficiles dans les campagnes, au fort taux de chômage et aux terres insuffisantes pour nourrir les familles. Le camp français devenait donc un moyen d’échapper à la pauvreté, cette dernière ayant pris une grande place durant les 7 années de guerre : en rejoignant la France, ils pensaient obtenir un abri, de quoi se nourrir, et un petit revenu leur permettant ainsi d’échapper à la misère. Mais il ne faut pas oublier que la rétribution était minime en comparaison des risques encourus. Quant aux contraints, des engagements étaient obtenus par la contrainte physique ou psychologique sous forme de menaces ou de représailles sur la famille, c’est donc par peur, par crainte, contre leur grès qu’ils les ont rejoint. Aussi, des actions furent menées pour « mouiller » les musulmans et les condamner aux yeux du FLN les obligeant donc à rejoindre le camp français.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span><span style="font-family: inherit;">En ce qui concerne mon grand-père, il fit partie des victimes des exactions du FLN dans sa famille. En effet, son père et sa mère furent tués par un fellagha en 1957. De plus, comme beaucoup d’algériens, il était pauvre. Ce sont donc la misère et l’envie de vengeance qui l’ont poussé à se joindre à la France.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span><span style="font-family: inherit;">Grace à la découverte de ce carnet, je vais pouvoir en apprendre plus sur ma famille et donc sur les harkis. Bien sûr, je ne peux pas tout écrire dans un article, donc en attendant de mieux parcourir ma trouvaille, je vous dis à bientôt.</span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-29957039832484032562013-02-14T03:49:00.000-08:002013-03-01T11:34:32.674-08:00MON GRAND-PÈRE, CE HARKI.<!--StartFragment-->
<br />
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: inherit;">Bonsoir mes chers visiteurs,</span><br />
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; mso-pagination: none; text-autospace: none;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Aujourd'hui après le repas concocté par ma grand-mère, j'ai encore lu le journal de mon grand-père à l’aide de Nasser. Après avoir lu une vingtaine de pages, nous avons compris que nous étions enfin tombés sur le passage où il décrit sa guerre d’Algérie...</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<i><span style="font-family: inherit;">« Nous sommes en pleine guerre civile... Mon village est partagé en deux clans, le FLN et les harkis, parfois les membres de la même famille. Certains s’exécutent entre eux, sous les ordres de leurs chefs. L’armée française nous fournit de temps en temps des soins et nous projette des films, ils nous aident. Ils nous disent même que les massacres par le FLN diminueront si nous nous engageons à leurs côtés. ». « Aujourd'hui nous sommes le 15 janvier 1958 et papa et maman ont chacun reçu une balle dans la tête par un type du FLN du clan ennemi. Il nous a dit, à Farid et moi, que si nous aussi on continuait à 'comploter' avec les français, on allait y passer. J'ai peur pour Fatima et Nasser, je veux les protéger mais s'engager aux côtés de la France implique beaucoup de conséquences et les gars du FLN traitent déjà les harkis de traitres. ».</span></i><br />
<i><span style="font-family: inherit;">« Ça y est c'est fait, je ne peux plus continuer à vivre entre deux camps, il m’a fallu faire un choix et j’ai donc inscrit Souleymane Ben Saïd sur la liste que les troupes françaises ont disposée sur la table de leur campement. Farid, mon frère, s’est lui aussi inscrit, comme mon ami Jamil. J'ai confiance en la France désormais, elle va offrir une protection pour ma famille et moi et une petite rente qui me permettra d’augmenter mes revenus avec la saison qui s'annonce mauvaise pour les cultures. Je ne suis pas contre l'indépendance mais je ne veux pas du violent FLN comme représentant de l'Algérie ! Au fond la majorité des harkis ne sont pas contre l’Algérie, mais bien contre le FLN. Après le massacre de mes parents et de plusieurs de mes amis, je ne peux certainement pas me rallier à leurs côtés, et leurs méthodes me dégoutent. Je ne comprends pas comment ces gars, dont certains furent des amis, peuvent obéir à ces ordres. Tuer des gens avec qui on a passé la majeure partie de son enfance ou encore des enfants qu'on a vu grandir, des grandes personnes que l’on admirait étant gamin ? Ça n'a aucun sens à mes yeux, et c'est d'ailleurs pourquoi j'ai vu de nombreux gars en désaccord avec ces faits qui ont quitté le FLN pour entrer dans l'armée française. Mais je reste tout de même sur mes gardes, à près tout j’ai entendu dire que dans le village d’à coté, les français avaient enrôlé plusieurs anciens du Front de libération national par le chantage… ».</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVgCIEwhTxXo7Q9tL8Wa3iDNts9ZezUf6nH-tA3upTbQk4EV9Um-0Onh5hMEhMXO6CdPR84uhODx10J1vKiRbGnKG5luelfjQP4_iwxzsvDIGMtsyBTK3ZiXBIuff9cjV8_U-W_jKj1lHS/s1600/ALG-59-361-R27.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><i></i></span></a><i><span style="font-family: inherit;">« Je suis fier. Je suis fier car aujourd’hui, avec les gars, on a reçu notre première arme, un fusil de chasse. On nous a expliqué comment nous en servir et quand. On nous a aussi précisé nos rôles. La plupart d’entre nous occupons des postes subalternes. Nous devons monter la garde, participer aux patrouilles, aux opérations de ratissage pour débusquer les rebelles. Les officiers et sous-officiers nous ont appris à marcher au pas, à nous camoufler, à obéir, à tirer, à manœuvrer, faire des tranchées, nous déplacer et beaucoup d’autres choses. Nous devons également être capables de faire une embuscade, d’entourer les villages la nuit ou encore de les fouiller le jour. ».</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><i><br /></i>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVgCIEwhTxXo7Q9tL8Wa3iDNts9ZezUf6nH-tA3upTbQk4EV9Um-0Onh5hMEhMXO6CdPR84uhODx10J1vKiRbGnKG5luelfjQP4_iwxzsvDIGMtsyBTK3ZiXBIuff9cjV8_U-W_jKj1lHS/s1600/ALG-59-361-R27.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVgCIEwhTxXo7Q9tL8Wa3iDNts9ZezUf6nH-tA3upTbQk4EV9Um-0Onh5hMEhMXO6CdPR84uhODx10J1vKiRbGnKG5luelfjQP4_iwxzsvDIGMtsyBTK3ZiXBIuff9cjV8_U-W_jKj1lHS/s400/ALG-59-361-R27.jpg" width="400" /></span></a></div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<i><span style="font-family: inherit;">« Lors des missions, nous sommes souvent placés à l’avant. C’est vrai qu’on connait bien le terrain et c’est plus facile pour nous de guider les français. Avec le temps, nous connaissons vraiment bien notre travail et les officiers sont fiers de nous. D’ailleurs, nous nous entendons bien avec les français, on rigole bien ensemble. Même si nous comprenons tous assez bien le français, nous avons des difficultés à le parler… On préfère donc rester entre nous, et puis nos coutumes et mœurs sont tout de même bien différentes. »</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><i><br /></i>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVgCIEwhTxXo7Q9tL8Wa3iDNts9ZezUf6nH-tA3upTbQk4EV9Um-0Onh5hMEhMXO6CdPR84uhODx10J1vKiRbGnKG5luelfjQP4_iwxzsvDIGMtsyBTK3ZiXBIuff9cjV8_U-W_jKj1lHS/s1600/ALG-59-361-R27.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><i></i></span></a></div>
<i><span style="font-family: inherit;">« De temps en temps, les militaires français changent de visages. En effet, certains ne sont pas certains de notre dévouement à la France et nous soupçonne. Ils se méfient de nous et le risque que nous soyons des infiltrés pour le FLN les troublent. D’ailleurs, j’ai remarqué que le comportement de Farid a changé depuis quelques semaines. A vrai dire, ce changement de comportement va de pair avec la situation qui tourne peu à peu à l’avantage du FLN… Récemment notre officier, qui avait beaucoup d’affection pour ses troupes a été remplacé par un autre. Celui-ci est froid et nous parle comme à des chiens à longueur de journée, tous les gars ne peuvent pas le sentir. C’est un sujet de discussion qui est devenu récurrent, et on remarque également un changement de plus en plus important dans le comportement des militaires suite à son arrivée. »</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTw3hxOz-p5AuJ2Kb7BptC-wNJvZMDhsp9J5ksQCrqEEIKjouOjW3dOEu4JD__0-ZBi1FdzvMo9VT53MRuGuzL1GRyGJfJIpkGlgx50EFwiJerHROU4P6bg-N1wozsJGvVrBnpeSt5sJF0/s1600/harki.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTw3hxOz-p5AuJ2Kb7BptC-wNJvZMDhsp9J5ksQCrqEEIKjouOjW3dOEu4JD__0-ZBi1FdzvMo9VT53MRuGuzL1GRyGJfJIpkGlgx50EFwiJerHROU4P6bg-N1wozsJGvVrBnpeSt5sJF0/s320/harki.jpeg" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<i><span style="font-family: inherit;">« Aujourd’hui, 19 février 1962, ça fait deux jours que Farid a déserté. Cela faisait longtemps que je le sentais différent, nerveux. Et puis ce soir-là, en pleine nuit, je l’ai entendu. Il devait être autour de 1heure du matin quand je l’ai vu ranger ses affaires dans le sac donné par l’armée française. Il m’a lancé quelques phrases en chuchotant, m’expliquant que c’en était fini pour lui ici, que je ferais bien de faire comme lui rapidement si je ne voulais pas finir torturé ou mort quand le FLN gagnerait le conflit. Il m’a aussi dit, et je m’en rappellerais toute ma vie, que les français ne croyaient pas en nous, qu’ils ne nous avaient jamais considérés autrement que comme des arabes et ne nous considèreraient jamais comme des français. A partir de ce moment, je sus que c’était la dernière fois que je vis mon frère. Je ne comprenais pas son acte, après tout ce que le FLN avait fait à nos proches et ce que l’armée française nous avait apporté… »</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><br />
<i>« La situation est devenue de pire en pire au sein des troupes. Après le départ de Farid, les français se méfient de plus en plus de nous. Ils nous confient moins de missions de peur de la trahison et l’ambiance du groupe a pris un sacré coup. »</i></span><br />
<div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;"><span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Il est déjà tard dans l’après-midi et nous avons décidé de regarder à la télé le téléfilm « Harkis » réalisé par Alain Tasma en 2006. Nasser, qui l’a déjà vu, m’a dit qu’il était très intéressant et informait beaucoup sur la vie des harkis dans les camps et représentait bien la vie de beaucoup de familles harki dont la nôtre. Je vous laisse donc, en attendant avec impatience de continuer à découvrir le récit de mon grand-père.</span></div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-10939282405936675372013-02-11T10:47:00.000-08:002013-03-01T11:30:51.275-08:00LE DÉBUT DES PROBLÈMES, DES MASSACRES À LA DÉPORTATION<span style="font-family: inherit;">Lecteurs, lectrices,</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Aujourd’hui je vais vous décrire la fin de l’indépendance et l’arrivée en France de mon grand-père. En ouvrant son journal avec la présence de mon oncle à la date du 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, je lis le récit de son désarmement.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;"><i>« J’ai toujours gardé en tête, les jours où le moral n’était pas au rendez-vous, les paroles du Premier Ministre, Michel Debré « La France ne peut pas abandonner l’Algérie. La France ne doit pas l’abandonner et ne l’abandonnera pas ». Pourtant aujourd’hui, la France a brisé sa promesse. Depuis longtemps nous sentions que le Général de Gaulle n’était pas entièrement favorable à la présence de nos troupes harkis dans l’armée. Ainsi, en entendant furtivement les récits de mes camarades français, il aurait dit : « Il faut se débarrasser de ce magma d’auxiliaires qui n’a servi à rien » ou encore « Si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! ». Ces récits m’ont d’abord étonné de la part d’un chef d’état, dans lequel nous avions en plus placé toute notre confiance, puis je me suis rappelé plus tard les paroles de mon frère lors de son départ. Je tentais tant bien que mal de me défaire de cette idée et de me concentrer sur mon rôle, d’oublier les conseils de Farid et d’avancer. Aujourd’hui, notre nouvel officier nous a réunis dans l’endroit consacré aux regroupements de la base pour nous faire un discours. Il nous a tenu des propos portant sur nos qualités, notre grande utilité pour l’armée française et sur le fait que la France nous soutiendra toujours, ne nous laisserait pas tomber. Il conclut vingt minutes après en nous souhaitant bonne chance et nous annonçant que nous étions libres. Abasourdis et sous le coup de l’incompréhension, un long silence accompagna le départ de l’officier. Nous retournant, nous aperçûmes les soldats français s’échappant du campement avec nos armes. Certains harkis, ayant compris plus tôt tentèrent de suivre les voitures en courant, criant de colère. D’autres s’effondrèrent par terre de panique, quant au reste, ils restaient immobiles, encore sous le choc. Je faisais partie de ces derniers. Ne sachant quoi faire, la première chose était de récupérer nos affaires dans le campement. Nous le firent tous ensemble, dans un silence qui restera à jamais gravé dans ma mémoire, perdus et bouleversés. On pouvait apercevoir des larmes couler sur les joues de Karim, le plus sensible de nous tous. Vingt minutes après, un tiers de la harka était massacrée par les armes du FLN. Quarante minutes suffirent à anéantir les espoirs et la vie de ceux qui furent mes amis au service de la France pendant presque quatre années. Quarante minutes qui, je le savais déjà, allaient changer ma vie à tout jamais. Par chance, j’ai contourné la forêt où beaucoup de mes camarades se sont engagés et où se cachaient les fellaghas à l’affût. Entendant les cris de douleur, je me cachai dans une autre partie plus lointaine pendant près de trois heures jusqu’à ce que les bruits de tortures se taisent. En sortant de ma cachette après avoir retiré mes habits militaires et remis mes vêtements civils pour limiter les risques, je vis l’horreur. J’en fus tout d’abord malade, ne pouvant supporter la vue de ces corps que je voyais animés par les rires le matin même. J’aperçus d’abord deux de mes amis enterrés vivants, excepté leurs tête qui avait été recouverte de miel pour être dévoré par abeilles et mouches, leur agonie avait dû être lente et cruelle… Plus loin, quatre harkis avaient été ébouillantés, je ne reconnaissais même plus leurs visages. Le pire était à venir : certains avaient été pendus nus, portaient des traces de coup de pelles et on avait émasculé trois d’entre eux. Plus loin, je découvris Karim à qui on avait coupé les doigts de la main droite et frappé. Je m’approchais de lui, quand j’entendis tout d'un coup des gémissements. Karim était vivant. Il était très mal en point, mais il était vivant. Je le redressai et le prit dans mes bras, l’enlaçant pendant quelques minutes sans bruit. Autour de nous planait l’odeur de la mort et de l’abandon. Karim, difficilement, m’annonça qu’une dizaine de gars avaient été emmenés par les fellaghas et qu’il avait fait semblant d’être mort pour échapper à de plus amples tortures. De peur d’un retour du FLN sur le lieu du massacre, nous avons marché vers ma cachette dans la forêt et nous nous sommes accrochés en haut d’un arbre et attachés pour pouvoir dormir sans perdre l’équilibre et sans attirer l’attention. J’écris maintenant du haut de cet arbre, il est à peu près six heures du soir, j’ai peur et la mort me guette sous les traits de mes semblables algériens. »</i></span><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8OKe3GloD5ZoIoVRZvNVfIAjpZshA1vLkiPx7zjVFN2QSPywqdCeHvNCldSZEsbCytAkA17x2EFebPJ9QzaglvThoObwCnmG1MsjCpjg2EeQIbcOxcWhMqmiRQBNRkIS3RAYIjnvT_nuI/s1600/massacres.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="font-family: inherit;"></span></a><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8OKe3GloD5ZoIoVRZvNVfIAjpZshA1vLkiPx7zjVFN2QSPywqdCeHvNCldSZEsbCytAkA17x2EFebPJ9QzaglvThoObwCnmG1MsjCpjg2EeQIbcOxcWhMqmiRQBNRkIS3RAYIjnvT_nuI/s1600/massacres.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8OKe3GloD5ZoIoVRZvNVfIAjpZshA1vLkiPx7zjVFN2QSPywqdCeHvNCldSZEsbCytAkA17x2EFebPJ9QzaglvThoObwCnmG1MsjCpjg2EeQIbcOxcWhMqmiRQBNRkIS3RAYIjnvT_nuI/s320/massacres.jpg" width="320" /></a></div>
<span style="font-family: inherit;">Sous le choc, mon oncle et moi arrêtons la lecture. Je ne pensais pas que les massacres étaient d’une telle cruauté… Et ces officiers, ils savaient que s’ils partaient, les harkis seraient livrés aux mains des fellaghas !</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;"><i>« On resta en tout environ deux mois à nous cacher dans la forêt et Karim se remettait peu à peu de ses blessures. Plusieurs fois, le FLN avait fait des rondes, mais nous nous cachions dans les arbres pour qu’ils ne puissent pas nous trouver. Dans la nuit du 20 mai vers une heure du matin, on décida de rentrer au bled. On entreprit donc une marche d’une dizaine de kilomètres, heureux de retrouver enfin nos familles. La marche dura à peu près cinq heures. Lorsque nous traversions des villages, la peur était au rendez-vous. On était à l’affut du moindre bruit, de la moindre lumière et nous avions plus que conscience que nous faisions ce voyage au péril de notre vie…Vers six heures donc, nous arrivâmes au bled. Il avait d’ailleurs bien changé et nous sentions dans l’air la puissance du FLN, apercevant quelques murs tagués en son honneur. Je laissai Karim rejoindre sa famille et je me précipitai vers ma maison. Je réveillai ma femme, et nous nous enlaçâmes de joie pendant un bon moment. Puis je me dirigeai vers le lit de Nasser et le prit dans mes bras. J’étais tellement heureux de les retrouver, et Nasser avait tellement grandi, la dernière fois que je l’avais vu, il ne savait même pas marcher ! Après cet intermède de bonheur au milieu de l’horreur que je vivais, je pris ma femme à part et lui expliquai la situation. Elle pleurait dès l’instant où j’annonçai le départ de Farid pour le FLN, et ces pleurs montaient en intensité au fur et à mesure de mon récit. Je lui expliquai que je ne savais pas s’il valait mieux que l’on reste ici, où que l’on parte pour Alger. Fatima m’avait auparavant informé de l’afflux de pieds noirs vers le port en direction de la France… Elle m’annonça également ce qu’avaient subi les harkis du village qui était revenus avant moi. Certains avaient été déguisés en femme, promenés dans tout le village devant les habitants, quelques-uns furent ensuite torturés sur la place publique ou emmenés dans des centres de l’Armée de Libération Nationale où ils subirent pire. J’étais horrifié. Nous cherchâmes donc une solution, car je ne pourrais risquer de me montrer en plein jour devant les membres du FLN et de l’ALN de mon village. »</i></span><br />
<i><span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">« Aujourd’hui, je reste à la maison et tente de ne pas me faire remarquer. Pendant mon sommeil, Fatima est allée demander à son oncle commerçant s’il pouvait nous transporter jusqu’à Alger dans l’arrière de son véhicule. Il accepta de nous emmener dans trois jours jusqu’à la caserne de Zéralda. Lors d’une livraison la veille dans le bled d’à côté, il avait discuté avec un commerçant dont le fils ancien supplétif avait trouvé refuge dans cette caserne de l’armée française en attendant de trouver un bateau pour la France. Ce même fils avait été retrouvé par son ancien officier SAS de harka qui lui avait permis, avec sa famille, de voyager jusqu’à Marseille. Malheureusement, arrivés en France, ils ont été renvoyés à Alger pour une raison floue et ont été massacrés par des pro-indépendantistes. Ce récit m’effraya, mais rester plus longtemps dans notre village devenait de plus en plus risqué. Il ne fallait pas tarder, ce n’était pas un petit village mais tout se savait et les gens parlaient beaucoup. Il y a plus de chance de survie pour nous si l’on tente de partir plutôt que de rester ici, où les représailles planent sur notre famille. »</span></i><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Mon grand-père n’était pas encore informé de cela, mais le 12 mai 1962, le Ministre des Armées Pierre Messmer interdit toute initiative individuelle pour le rapatriement des harkis, comme celui décrit dans son récit. Quatre jours plus tard, le ministre d’Etat chargé des Affaires algériennes Louis Joxe ordonne le renvoi en Algérie des « anciens supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement », exige « des sanctions contre les complices de ces entreprises » en demandant « d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure ». Ce télégramme explique donc le départ précipité de France de ce harki.</span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCN2aSQ1wEqlV9mHFPL0h9sr3yqYWf4J-9C7zRl2ZXjLnH-RVp038VE61MQzzqhSGsE5WPJQSRwCAq7i3ID5YZrHgDO8tF1EOxzHGOOHEZb4QBdmBHdI7qN4ZJhFrz5mgpeXw6LH7deoer/s1600/entree_zeralda.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCN2aSQ1wEqlV9mHFPL0h9sr3yqYWf4J-9C7zRl2ZXjLnH-RVp038VE61MQzzqhSGsE5WPJQSRwCAq7i3ID5YZrHgDO8tF1EOxzHGOOHEZb4QBdmBHdI7qN4ZJhFrz5mgpeXw6LH7deoer/s320/entree_zeralda.jpg" /></span></a><span style="font-family: inherit;"><i>« Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la caserne de Zéralda. Le voyage était long et pénible, car nous devions rester silencieux au risque de nous faire repérer. Une fois arrivés à Alger, une ville que j’avais déjà visité lorsque j’étais enfant, un sentiment de violence et de sang versé sur les murs régnait dans ses rues auparavant si conviviales. Les armées française et algérienne avait fait tant de massacres tout au long de la guerre que la ville dégageait un halo lugubre. Une fois arrivés dans la caserne et après avoir remercié longuement l’oncle, nous nous sommes sentis plus en sécurité, mais tout de même sur nos gardes. Nous nous sommes dirigés vers les bâtiments de l’armée à l’aide d’un camion qui transportait des familles venant de tous coins de l’Algérie. Une fois arrivés à l’administration, nous avons obtenu les papiers nécessaires pour nous permettre d’aller en France et une personne nous a conduit, ainsi qu’une dizaine d’autres familles jusqu’à des tentes, qui seraient notre logement pour un temps indéterminé. Les lieux sont franchement insalubres, nous sommes à plusieurs familles dans une tente, les matelas de paille sont noirs de crasse et sentent l’urine. Je prie pour que nous partions le plus vite possible.»</i></span><br />
<span style="font-family: inherit;"><i><br /></i></span>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMOMyDk9j9MGDHFAfop95wysT3egw0TamthyphenhyphensyFbiDfcKnDxyt6hbTE5SivBE3fHPWw34MOgDlAt3Q7p1NNJ2fVnZqo4rDItN83sVQGrb7Xt291XalELKVRpC1OvwoZ_9E88-gt_RsI6-v/s1600/harki+3.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMOMyDk9j9MGDHFAfop95wysT3egw0TamthyphenhyphensyFbiDfcKnDxyt6hbTE5SivBE3fHPWw34MOgDlAt3Q7p1NNJ2fVnZqo4rDItN83sVQGrb7Xt291XalELKVRpC1OvwoZ_9E88-gt_RsI6-v/s320/harki+3.jpeg" /></a></div>
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</i><i>« </i><span style="font-family: inherit;"><i>Quelques semaines passèrent quand on nous annonça, le 23 Juin 1962 au matin, que l'on pouvait enfin prendre un bateau pour la France. D'abord on se rejouit d'entendre enfin cette nouvelle que l'on attendait tant. Puis le remord et l'inquietude reprirent leur place. On allait quitter notre terre natale pour la première fois pour voyager vers un pays dont on nous tenait louanges depuis des années, mais que l'on ne connaissait pas. On ne savait pas à quoi s'attendre en France, si les conditions de vie seraient meilleures qu'en Algérie, comment la population francaise réagirait à notre arrivee. Nous allions plonger dans l'inconnu. On nous transporta vers le port en catimini. On eut à peine le temps de dire au revoir à l'Algérie avant que les militaires nous installent dans les cales d'un grand bateau sans hublot au milieu des animaux qui peuplaient les lieux en temps normal, les souris. Nous étions si serrés dans la pénombre que l'on avait le sentiment encore une fois d'être du bétail. Après quelques heures passées à attendre, le bateau s'arrêta et les portes s'ouvrirent sur un Marseille ensoleillé. Les gens se précipitaient pour sortir, pressés de mettre le pied sur leur terre d'accueil mais l'inquiétude du refoulement vers Alger planait encore. Je me sentais tout de même plus en sécurité ici et je savais qu'on avait laissé les représailles du FLN derrière nous. Tout cela était trop beau et je tentais de ne pas me réjouir trop vite, j'avais appris que le revers de la médaille ne restait pas caché bien longtemps... </i></span><i>»</i><span style="font-family: inherit;"><i></i></span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbja3D-fX0X0fTIMqutVISjoUQvd1CK-IAW1M6n_7MaUbhXW9o6kAXGggb0I6rGtOtP9aU6viCvSn27-q6Qn44fdvWKy8JSiOscur8VEaRx5jGMML1oAliCOB4C3-gsRIceyF0UkIu8g4J/s1600/harki+4.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjbja3D-fX0X0fTIMqutVISjoUQvd1CK-IAW1M6n_7MaUbhXW9o6kAXGggb0I6rGtOtP9aU6viCvSn27-q6Qn44fdvWKy8JSiOscur8VEaRx5jGMML1oAliCOB4C3-gsRIceyF0UkIu8g4J/s320/harki+4.jpeg" /></span></a></div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Sur ce je vous laisse, j'ai hâte de découvrir la suite avec vous!</span>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-45423215076661006002013-02-10T11:15:00.000-08:002013-03-01T11:33:10.485-08:00LES CAMPS DE LA HONTE Bonjour chers lecteurs !<br />
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Aujourd'hui j'aimerais vous parler de ce que j'ai lu et traduit avec ma mère dans le journal de mon grand père, mais également de mes recherches. Le premier des camps créé pour accueillir les harkis a été ouvert au Larzac le 26 mai 1962 après qu'une note du ministre des Armées requiert la « prise en charge des supplétifs et leurs familles depuis leurs points de regroupement en Algérie jusqu'au camp du Larzac ou ils seront rassemblés en attendant leur recasement ultérieur en France ». Le 1er Juin, le quotidien Combat titre : « En limitant à l'excès leur rapatriement en métropole, le gouvernement livre les harkis aux représailles de l'ALN », le même jour s'ouvre le camp de Bourg Lastic. 40000 personnes ont été regroupées dans les camps de Bourg Lastic et du Larzac. Elles ont ensuite été redirigées vers les camps de Rivesaltes, de Bias, de Saint-Maurice-l'Ardoise ou encore de Rye-Le Vigeant ouverts durant l'automne due à la précarité des deux premiers camps et à l'approche de l'hiver. Mais d'autres anciens supplétifs et leurs familles, au nombre approximatif de 10000, parviennent à arriver en France par leurs propres moyens, mêles et aidés par les pieds noirs sans passer par l'accueil officiel. En 1958, on leur avait assuré qu'il n'y avait en Algérie « qu'une seule catégorie de Français », quatre ans plus tard, le Général de Gaulle déclare que « le terme de rapatrié ne s'applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugié ! ». Ainsi, ils furent répartis dans toute la France dans 75 hameaux ou chantiers de forestage, reclus et soumis à l’autorité militaire, exclus explicitement des dispositifs destinés aux seuls rapatriés européens, comme ceux concernant l'endettement contracté en Algérie ou le logement en HLM, ils sont déliberemment marginalisés et discriminés.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDuGDfuJnRDlxBn2IACH0V2A1r1jRfBFC0Pz0Kl1qBzXo-TuYHJyx22u6U6CWGTTnkIZR0fHEkIEHmMCLwAgOonZXz3Yk1iCbwXK69A803Gbd9bsCdo7WYNVmRI2HE5EvK8fhjAfIr7pfi/s1600/harki+11.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDuGDfuJnRDlxBn2IACH0V2A1r1jRfBFC0Pz0Kl1qBzXo-TuYHJyx22u6U6CWGTTnkIZR0fHEkIEHmMCLwAgOonZXz3Yk1iCbwXK69A803Gbd9bsCdo7WYNVmRI2HE5EvK8fhjAfIr7pfi/s640/harki+11.jpeg" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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Mon grand-père décrit dans les extraits suivants la vie de sa famille et lui dans les camps.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0mW9gPSng9_twlp5aQK2DDzl42lZx74N4RhdXova0Kqgjij_H7XXjowSFKkbNFqZol6d2lYk3lIbSKAAXUftE0OqKShnjhphm35MCWzGK_4NwrnFkjIr5e_yMk26-aF86rVmp0L3o98-c/s1600/harki+2.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0mW9gPSng9_twlp5aQK2DDzl42lZx74N4RhdXova0Kqgjij_H7XXjowSFKkbNFqZol6d2lYk3lIbSKAAXUftE0OqKShnjhphm35MCWzGK_4NwrnFkjIr5e_yMk26-aF86rVmp0L3o98-c/s320/harki+2.jpeg" /></a><br />
« On nous mit dans un train en direction de la gare de Laqueille, pour ensuite nous rediriger vers le camp de Bourg-Lastic. Dès qu'on poussa les grilles du camp entourés de centaines de harkis, la réaction générale fut la déception qui figea tous les visages et qui, je le sentais, aller nous suivre pour un bon moment. Les camps avaient été aménagés de façon primaire et on voyait très bien que l’État français ne s’était pas vraiment préparé à notre arrivée. On nous installa dans des tentes à plusieurs familles. Il n'y avait pas de chauffage, ni de toilettes, ni de douche. Les conditions étaient très similaires à celles de la caserne de Zeralda. Beaucoup de gens tombaient malades et certains mourraient. Le 3 juillet, l'annonce de l’indépendance de l’Algérie me réjouit pour mon pays et mon frère et le reste de la famille étant restée en Algérie dont j'imaginais la joie et le soulagement. Un jour on nous emmena vers le tribunal pour effectuer une demande de recognition, ou on nous accorda l’opportunité d'obtenir éventuellement la nationalité française. On accepta. Je pus voir ensuite que quelques-uns la refusaient. On était contents mais j'avais peur que cette reconnaissance signe à jamais le fait que nous ne retournerions jamais en Algérie... »<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqL5c6dAynuta2t-9qHS3hFdep9eT3BB9YGP8LQByhVl-kQW39S5-yHEN8wk57z28ZkKSV51g4EIbxkLum2kvOxOrYO_gaZoar3KdkZw7Wems4SLyJ0iTEnGkwPQ-io-ONwNVH_cScTFfP/s1600/harki+6.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqL5c6dAynuta2t-9qHS3hFdep9eT3BB9YGP8LQByhVl-kQW39S5-yHEN8wk57z28ZkKSV51g4EIbxkLum2kvOxOrYO_gaZoar3KdkZw7Wems4SLyJ0iTEnGkwPQ-io-ONwNVH_cScTFfP/s320/harki+6.jpeg" width="320" /></a> « Le FLN est décidément présent partout, il ne nous lâchera jamais… Depuis notre arrivée en France, nous avons entendu parler de quelques cas de représailles sur les harkis. Ainsi, certains ont été lynchés dès l’arrivée au port, ont été victimes de tentatives d’extorsion de fonds, menaces physiques et sur la famille, allant même jusqu’à des tentatives d’assassinat ou de réels assassinats. Nous qui pensions être au moins protégés du FLN en France… Cela prouve bien que nous devons sans cesse rester sur nos gardes. »<br />
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Du 24 Juin au 3 Juillet, on sait désormais que 4945 personnes ont été accueillies dans le camp des transit de Bourg Lastic. Ci-dessus, on peut voir les effectifs, arrivées, départs, naissances et décès dans le camp.<br />
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<b>14 Septembre 1962</b><br />
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« Les militaires nous ont annoncé que le camp allait être ferme pour cause des conditions précaires et de l'hiver approchant. Un train pour un autre camp, celui de Rivesaltes, partait le jour même. On tenta d'y entrer mais on nous dit que le train était déjà occupé par 1220 personnes et qu'il faudrait attendre le 16 pour le prendre. »<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYVnPDPtj4CgEzTANfgj3THqMPTSFfgsZ6eYRaDA4OkgbSCijXvTNj8gqkdp2ZWuH-d6KHniurH834J1Z6b9bLzYl9OO78tj0XDE1GNCtnhWhEUANdMH_0mO0AmC0hy5n-CeEEL4nfv05-/s1600/le-camp-de-transit-de-rivesaltes-de-triste-memoire-photo-albert-bellat.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYVnPDPtj4CgEzTANfgj3THqMPTSFfgsZ6eYRaDA4OkgbSCijXvTNj8gqkdp2ZWuH-d6KHniurH834J1Z6b9bLzYl9OO78tj0XDE1GNCtnhWhEUANdMH_0mO0AmC0hy5n-CeEEL4nfv05-/s320/le-camp-de-transit-de-rivesaltes-de-triste-memoire-photo-albert-bellat.jpg" /></a><br />
« Ça y est, nous sommes arrivés à Rivesaltes il y a trois semaines. J'ai bien fait de dire à Fatima et Nasser de ne pas s'attendre à de meilleures conditions car c'est bien le cas. Nous étions très nombreux, les bâtiments construits en dur ne pouvaient tous nous contenir et ils avaient donc installe un grand nombre de tentes de l’armée, des guitounes. Le camp a été divise en plusieurs îlots qui regroupent 25 familles par lieu d'origine en Algérie. Chaque îlot a un capitaine pour nous contrôler et nous encadrer, aide d'un sous-officier et d'un adjoint musulman qui eux surveillent les quartiers qui divisent les îlots. Le logement est gratuit et nous disposons d'une certaine quantité de chauffage pour le poil, également gratuite. Pour manger, nous nous disposons en ligne avec notre gamelle. On nous annonça que l'on avait la chance de suivre des cours de français et apprendre comment taper des télégrammes. On offra également des cours de français pour apprendre a lire et a écrire a Fatima mais elle ne voulait pas s'y risquer, n'osait pas. D'ailleurs, on constata que seules les vieilles femmes les suivaient. Mais on se rendit compte que ces cours, filmés au début par des journalistes, étaient destinés à “rassurer” l'opinion publique sur le fait que nous deviendrons des bons français sachant lire et écrire. En réalité les cours n'avaient pas lieu très souvent et n’étaient pas vraiment efficaces pour nous, harkis, et beaucoup d'entre nous restèrent analphabètes ou ne maîtrisaient pas suffisamment la langue et l’écrit. En effet, ayant été bercé par la langue arabe et pour certains, n'ayant pas appris à lire et à écrire, il était délicat d'apprendre sur le tas une écriture totalement différente de celle que l'on a apprise tout jeunes. L’armée fournissait également une école pour les enfants, où j'inscrivis Nasser. Mais je savais que cette école n’était pas de qualité, les enfants y avaient de grandes lacunes et ils les regroupaient ensemble qu'ils aient 6 ou 9 ans. »<br />
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<b><br /></b></div>
<b>Avril 63</b><br />
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« Cela faisait plusieurs mois maintenant que l'on était à Rivesaltes et le camp, à l'origine camp de transit, avait bien redirigé de nombreuses familles vers d'autres camp, hameaux forestiers ou cites urbaines. La population désemplissait donc, mais les conditions de vie empiraient avec l'hiver. Nous avions de quoi nous chauffer, mais pas assez pour ne pas subir les sévices du froid. Sous nos trois couches de couvertures, on grelottait. Nasser, qui avait maintenant 6 ans, tombait souvent malade et j'avais honte de les laisser dans cet état. Quant à moi, je continuais à travailler. Les tentes s'envolaient parfois dans la nuit et les parents essayaient tant bien que mal de remettre les piquets et de protéger leurs enfants. Mais heureusement, la population se redirigeant vers d'autres zones d'habitations, on put intégrer les baraques en dur, où l'isolation n’était pas parfaite car les murs étaient en contre-plaqué et taule, mais toujours meilleure. Nous nous sentions comme prisonniers dans ce camp. On ne pouvait pas en sortir, excepté pour le travail de déforestage mais c’était encore dans l'enceinte du camp. Des grillages l'entourent, comme si on voulait nous cacher du regard des français. On passe tous les jours devant leurs maisons pour se diriger au travail mais je ne pense pas qu'ils ont connaissance de notre habitat et de nos conditions de vie. On effectue des allers-retours entre le travail et le camp, tout ça sans que personne ne s'en rende compte. Et s'ils savaient, je doute qu'ils feraient quelque chose pour nous aider... Nous étions coupés du monde extérieur, comme si on ne pouvait pas respirer le même air que les français. Et au lever et au coucher du jour, chaque jour, nous continuions tout de même de saluer notre cher drapeau français en chantant comme pour nous donner encore une raison d’espérer encore être sauvés par la belle France. »<br />
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<b>Août 64</b><br />
<br />
« Nasser me pose beaucoup de questions en ce moment, il est curieux. Il veut savoir pourquoi on est là et pourquoi il doit apprendre le français, si il ne s'en sert pas ici et qu'il ne voit jamais de français. Il ne comprend pas pourquoi on doit agir comme des français et selon les us et coutumes français alors que nous sommes entre nous, algériens et qu'on lui a inculque une éducation musulmane. La misère dans laquelle nous vivons commence à nous peser sérieusement. Je suis payé avec une somme qui ne permet pas une vie correcte, nous n'avons pas assez à manger tous les jours. Je pensais qu'en été, la vie serait plus agréable, plus sereine. Mais la chaleur est insupportable et l'isolation de notre 'maison' est d'une qualité si médiocre que la chaleur en est amplifiée la nuit et nous avons beaucoup de mal à dormir. Les gens ne sont pas très heureux ici, ceux qui se rebellent contre l’autorité ont droit à moins de charbon en hiver, sont parfois privés de salaire ou sont humiliés. Je remercie Allah que nous n'ayons pas de problèmes avec les supérieurs. On entend des rumeurs de plus en plus. Les gens disent que des harkis un peu trop gênants aux yeux des français disparaissent, et certains avancent qu'ils sont envoyés en centre psychiatrique. Les familles qui sont redirigées vers d'autre camps sont parfois séparées. Certains disent que l'administration ne nous verse pas toutes les allocations que l'on doit percevoir. L’administration contrôle également le courrier et les colis qui sont ouverts. En somme, elle nous retient prisonnière et contrôle chaque instant de notre vie. On a même vu une dizaine de fois des personnes qui ont été enlevées par des ambulances dans l'empressement et revenir dans le camp quelques mois plus tard totalement transformées. Ils ne répondaient plus de rien, n’étaient plus capables de parler, ni de comprendre ce que l'on disait, ni même de se débrouiller tout seuls. Certains disaient qu'ils étaient dérangeants pour l’autorité, trop réactionnaires et que plusieurs avaient même osé envoyer une lettre au Président de la République pour lui raconter leur détresse dans ce camp insalubre et lui demander de l'aide. Mais ceux qui désobéissaient aux règles du camp ne passaient pas forcément par la case hôpital psychiatrique et lobotomie. Cela commençait par une baisse du charbon distribué à leur famille, pour continuer avec une baisse de leur salaire et finir par un changement de camp. »<br />
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Mon grand-père dans son journal ne parle pas des conditions médicales. Comme vous vous doutez sûrement, elles étaient médiocres. Les médecins présents sont des médecins militaires et il n'y a pas d'installations prévues pour les consultations médicales et l'infirmerie n'est pas organisée. Il y a très peu de matériel médical et il est en mauvais état. Les véhicules médicaux, ambulances et camionnettes sont anachroniques et ne pouvant effectuer d’opération dans l'enceinte du camp, le transfert des malades dans les hôpitaux est nécessaire. Les lenteurs administratives dues à certains papiers non en règles de ces harkis fait perdre de précieuses heures et les personnes arrivant à l’hôpital sont parfois mourantes ou mortes. Et ceci est partout dans tous les camps. Dans l’hôpital près du camp de Saint-Maurice-l'Ardoise, à Sainte-Marthe, un médecin fait un rapport sur l’état sanitaire des personnes arrivant dans l’hôpital entre décembre et janvier 62-63 :<br />
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« Hygiène : le plus grand nombre de ces enfants arrivent couverts de poux. Rien n’empêcherait une épidémie de typhus. Ils sont affreusement sales, avec des vêtements en loque. Les nourrissons sont enveloppes avec des chiffons. Les pyodermites, les impétigos les recouvrent pour la plupart. Des femmes allaitant sont sorties de l'ambulance pieds-nus dans la neige.<br />
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Nutrition : tous les enfants présentent, à des degrés divers, des syndromes de dénutrition et de carences : maigreur, anémies, rachitisme, oedemes par sous-alimentation protidique, syndromes hémorragiques. Certains nourrissons sont arrivés dans des états de dénutrition irréversibles ou presque, états que nous appelons d'ordinaire historiques et qui sont réserves aux pays sous-développés.<br />
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Maladies : observation des gelures et de brûlures avec tous les degrés de gravité. Le plus grand nombre de ces enfants présentaient des infections sévères des voies respiratoires, appelées grippales. Les formes graves ont été fréquentes, et les formes gravissimes pas rares. »<br />
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J’aimerais apporter des précisions sur le reclassement professionnel des anciens supplétifs, qui n'était pas aisé compte tenu de leur faible qualification. Un relevé portant sur 1130 cas révèle que 70% se répartissent en 4 métiers : manœuvres non spécialisées (20%), travailleurs forestiers (19%) métiers du bâtiment et travaux publics (14%), agriculture (14%).<br />
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<b>Novembre 1964</b><br />
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« Cela fait une semaine que nous sommes au camp de Bias, dans le Lot-et-Garonne, officiellement appelé CARA (Centre d'accueil des rapatriés d'Algérie).. Dès que je poussai le grand portail, qui faisait bien quatre mètres de hauteur, je pus confirmer ce que tout le monde disait : Bias, c’était « le bout du bout ». Tout a commencé un jour de novembre 64, où il faisait un froid glacial. Cela faisait deux jours que le charbon distribué ne suffisait plus à nous tenir chaud et Nasser était encore tombé malade. En retournant du travail comme tous les jours, on passa devant une maison où une grande quantité de bois se situait sur le côté du grillage, comme à l’abandon. Je m’arrêtai deux minutes pour lacer mes chaussures et quand je relevai la tête, je ne voyais plus mes camarades qui ne m’avaient pas attendu. L’idée me vint donc de prendre deux bûches de charbon. Je ne connaissais pas bien les règles et lois du pays, mais je ne pense pas que ramasser des bûches à l’abandon constituaient une faute. Et puis deux bûches de charbon, c’est quoi ? Cette famille de français n’allait pas se plaindre, le tas était constitué d'une bonne cinquantaine de bûches ! Je poursuivis donc mon chemin jusqu'au camp. Une fois le portail franchi, je regrettai mon acte. Le directeur du camp qui passait justement par là me vit tout de suite et me lanca un regard qui exprimait toute la haine et le mépris qu'il avait pour nous, les harkis. Il s'approcha vers moi à grande vitesse et me demanda en criant ou j'avais trouvé ce bois. Je tremblais, sentant la colère monter en mon interlocuteur. Lorsqu'il posa la question une deuxième fois, je ne pris pas le temps de réfléchir et avoua que je l'avais trouvé prés d'une maison. Sans me donner le temps de m'expliquer, il se mit dans tous ses états et je saisis de sa longue tirade incompréhensible quelques mots « interdit » « contre la loi » « demain » et « Bias ». Ce dernier me fit froid dans le dos, on savait tous ce qu'il signifiait. Dans ce camp de la honte était enfermés tous les invalides, les vieillards et ceux qui ne respectaient pas les règles. En effet, le directeur m'avait à l’œil depuis que j’étais arrivé en retard deux fois de suite au lever du drapeau le matin. En regagnant la « maison », l’appréhension m'envahissait et l'annonce de ce déménagement peina encore plus ma famille déjà affaiblie par ces deux années de transit provisoire qui durait déjà depuis trop longtemps. Ainsi, on se retrouve dans ce mouroir. C'est encore plus triste que tout ce que l'on a connu jusqu'ici. Le camp était cerclé de grillage à fusains, hermétiquement fermés, bordés de grands arbres nous cachant. Les baraquements sont tous alignées les uns à côté des autres. Les gigantesques portes du camp étaient gardées en permanence, avec des français surveillant que l'on rentrait bien pour le couvre feu de 22 heures. Notre "maison" était composée de trois pièces, de huit mètres carrés chacune - un séjour-cuisine-salle à manger, et deux chambres identiques. Quand on arriva, d'autres harkis nous emmenèrent des couvertures et quelques vivres. La lumière était contrôlée par l'administration - comme dans une prison. L'électricité était distribuée à partir d'une petite armoire en fer, fermée avec un cadenas dont seul le chef et le gardien de camp possédaient la clé. Ils allumaient le matin de 8 à 10 et le soir de 5 à 10. Notre vie ressemblait sensiblement a celle de Rivesaltes, en pire. »<br />
<br />
J'aimerais ajouter qu'un mois après le départ de mon grand-père du camp de Rivesaltes, celui-ci ferme, en décembre 1964.<br />
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<br />
« Aujourd'hui j'ai emmené Nasser, qui a maintenant neuf ans, à la bibliothèque municipale de Bias. C'est le seul moment de la semaine ou nous côtoyons des français hors de ceux au commandes du camp. Je veux qu'il acquiert un minimum de culture française pour qu'il ait des chances dans l'avenir de réussir et de trouver un travail. Mais il rechigne à y aller, dit qu'il ne veut pas lire et qu'il n'aime pas ça. Je lui répète souvent que c'est bien pour lui mais il me répond que les français le regardent bizarrement et se moquent de lui. Je surenchérissais souvent en lui disant que les français n’étaient pas tous comme ça et que c’étaient les plus bêtes qui réagissaient mal aux personnes différentes et que par exemple, la documentaliste et les employés de la bibliothèque étaient très gentils avec nous. Mais il restait borné dans cette idée qu'il était de trop dans cet univers de lettres françaises, de personnes françaises, de culture française et préférait rester dans son coin et lire des bandes dessinées pour s'en aller le plus vite possible et rentrer retrouver ses amis du camp. »<br />
<br />
<b>Décembre 69</b><br />
<br />
« Depuis que Nasser va au collège hors du camp et a maintenant 12 ans, il a beaucoup changé. Ce changement ne joue pas en faveur de sa scolarité. Il me dit que lui et ses amis restent entre harkis et ne sont pas amis avec les autres. Il parle rarement aux français et il s'en méfie beaucoup car certains l'insultent de « sale harki » et il est blessé par leur réactions. Il y a également quelques enfants d’immigrés algériens qui eux le traitent de « traître » et il essaye de s'en éloigner le plus possible car la majorité d’entre eux ont une grande haine envers lui et ses amis. Il ne réussit pas très bien à l’école et n'est pas très attentif. Il ne veut pas faire ses devoirs et nous nous disputons beaucoup avec lui. Il nous dit souvent « ça sert a rien, je veux pas travailler pour une France qui veut pas de nous ! ».Il nous cause beaucoup de souci, à Fatima et à moi. Nous ne voulons pas qu'il déteste notre pays d'accueil et je voudrais qu'il comprenne que malgré nos conditions de vie médiocres, j'ai fait le bon choix en me ralliant à l’armée française. Certes mon pays natal me manque mais après tout, les conditions de vie en Algérie avec le FLN, que je déteste, au pouvoir auraient sûrement été pire... »<br />
<br />
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<br />
« Fatima a accouché ce matin d'un petit garçon dans sa chambre. Aidée d'une amie car les trois infirmières étaient occupées ailleurs, elle est maintenant exténuée. Nous avons décidéde l'appeler Amine. Quand nous sommes allés signaler sa naissance à l'administration du camp, ils ont voulu le nommer Jean. Ils nous ont dit que ça serait mieux pour son futur et que ça lui offrirait de meilleures perspectives d’intégration. Après des minutes de refus et d'obstination, nous avons été contraints de lui donner le prénom Jean. Encore une fois, on nous forçait à oublier nos origines, je n'aimais pas cela. »<br />
<br />
<b>Juin 1972</b><br />
<br />
« Nasser est de plus en plus rebelle, et le chef de camp le menace depuis quelques temps de l'envoyer dans un des camps de redressement pour jeune situé à quelques kilomètres d'ici. Pourtant, il ne fait rien de mal, ce qu'il pense, il le garde pour lui et la famille ou encore entre ses amis mais cela n'est pas censé arriver aux oreilles de la hiérarchie... On a vu certains jeunes envoyés là bas pour rien du tout : jeter des papiers par terre, cueillir des fruits dans des arbres de ne leur appartenant pas alors qu'on crève de faim... Ici, c'est pire que la prison, mais on s'y est fait. Après tout, cela fait huit ans que ce camp est notre maison et je me demande comment on survivrait si on ne bénéficiait pas de cet accueil et de ces avantages. Nasser me reproche beaucoup de choses, notamment le fait que j'ai cédé à appeler mon fils Jean. Même si nous l'appelons Amine, il est vrai que j'ai perdu encore un peu plus de mon honneur ce jour là. Il dit qu'il veut m'ouvrir les yeux, que si l'on fait rien on va crever comme des rats dans ce mouroir. Ce à quoi je lui réponds souvent que l'on sait ce que l'on perd mais que l'on ne sait jamais ce qu'on gagne et que nous avons de la la chance d’être hébergés gratuitement, d'avoir du travail et de pouvoir manger, et que sans toutes ces aides nous serions à la rue et que c'est pour ça qu'il faut respecter les règles dictées par la hiérarchie. Il m'a un jour répliqué que de toute façon, ils faisaient ce qu'ils voulaient avec notre argent et qu'au fur et à mesure, les allocations familiales que l'on percevait diminuaient. Il travaille très mal à l’école, j'ai beau enchaîner les sanctions, ses professeurs nous disent qu'il sèche souvent les cours au lycée pour aller traîner avec ses amis.»<br />
<br />
<b>Février 1974</b><br />
<br />
« Amine a seulement trois ans, mais on peut déjà voir qu'il sera très intelligent. En effet, il peut déjà s'exprimer, pas très bien, en français et en arabe. C'est un gamin très affectif et son grand-frère prend soin de lui, malgré son air de gros dur. Amine est la seule chose qui rend Nasser positif, il l'aime beaucoup et cherche à le protéger. Il dit qu'il veut faire de lui un petit bonhomme robuste qui pourra se défendre contre les français en se mêlant à eux et non en se séparant d'eux. Cela doit être la seule chose sur laquelle on s'entend, l’éducation d'Amine. Je veux pour lui un meilleur avenir que celui qui semble tracé pour Nasser et ce dernier semble réaliste et en accord avec moi sur ce point, il a conscience que tout est déjà joué pour lui et qu'il ne pourra jamais rattraper ses lacunes. »<br />
<br />
Ces pages sont celles dont le contenu est lisible et celles que j'ai pu comprendre à l'aide de ma mère, ce sont évidemment de courts extraits de son journal. Je me suis arrêté à cette dernière page car les pages suivantes étaient presque entièrement toutes tachées d'une substance que je suppose être de la boue. Je pense qu'il racontait dans ces pages le départ et la fermeture des camps, pour en apprendre plus sur cette période, j'ai décidé d'appeler Nasser pour lui demander si je pouvais aller quelques jours chez lui aux vacances de Pâques. Papa m'avait effectivement dit plusieurs fois qu'il avait participe à la révolte qui entraîna la fermeture de Bias et je pense que cela serait intéressant de vous livrer son point de vue et d'en apprendre plus sur cette période.<br />
<br />
Sur ce je vous dis à bientôt les amis !<br />
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<span style="color: black; font-family: "Cambria","serif"; mso-bidi-font-family: TimesNewRoman; mso-fareast-font-family: TimesNewRoman;">
</span>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-34033916113465415472013-02-09T10:15:00.000-08:002013-03-01T23:33:52.720-08:00LE DÉCLENCHEMENT D'UNE RÉVOLTE<!--StartFragment-->
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<div class="MsoNormal">
<span lang="FR">Cher lecteurs et lectrices, </span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="FR"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR">Je m’excuse de ne
pas avoir publié des articles sur le blog ces derniers temps. J’ai rendu
visite à mon oncle Nasser au Nord Pas de Calais où il n’y avait pas de
connections internet. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Durant ces
jours<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>j’en ai profité pour lui
poser des questions sur les Harkis et<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>en savoir plus sur son point de vue par rapport à ce sujet. Au début il
avait l’air hésitant, comme si il ne voulait en parler pour ne pas se remémorer son passé. J’ai remarqué que quand on commençait à aborder ce propos en
famille, mon oncle n’était pas très bavard et préférait s’échapper pour ne pas
nous écouter. On pouvait voir dans ces yeux qu’il était ému, qu’il était triste
et touché quand on en parlait. Après quelques minutes de conviction, j’ai enfin
réussi à lui desserrer les dents. Il m’a beaucoup appris sur son point de vue
et sur sa vie en temps que fils de harkis, que j’ai trouvé d’ailleurs très
intéressant. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il m’a raconté des
choses tellement touchantes que je l’entends toujours dire ses mots dans mes
oreilles : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR">« Je
ne voulais pas être vu en tant que traître aux yeux de mon peuple… Oui mon
peuple algérien et non français. Je préférerais n'avoir aucune nationalité que
d’en avoir une et d'être soit disant considéré comme Français ! Dès un jeune
âge, on m’a appris des normes et des valeurs algériennes… J’ai vécu mon enfance
dans mon pays natal et je comprenais pas pourquoi dès notre arrivée en France,
nos chefs de camps voulaient qu’on oublie tout sur l’Algérie et nous introduire
des normes et des valeurs françaises. Pourquoi ? Quelles étaient leur
intentions ?</span></i><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIAtQA_rH-34VWZHDuymEkYbk9pkIcTiPqcVHnCJ-V0L_vZu7Y55v_WpbQyz9rL2f-0JlGgEkyY45zKzz66a-dPeKjRZwwJic61RZO03UrxWlnT-wBcQNwc4h2dxoLh6Q2e0fiCq8f_orY/s1600/harkis.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="188" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiIAtQA_rH-34VWZHDuymEkYbk9pkIcTiPqcVHnCJ-V0L_vZu7Y55v_WpbQyz9rL2f-0JlGgEkyY45zKzz66a-dPeKjRZwwJic61RZO03UrxWlnT-wBcQNwc4h2dxoLh6Q2e0fiCq8f_orY/s320/harkis.jpg" width="320" /></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR">Ils ne nous traitaient même pas comme des soldats
français ! On était des étrangers pour eux, des barbares, des bêtes !
Depuis notre arrivée dans les camps, je ne comprenais pas pourquoi ils nous
marginalisaient. Oui j’étais peut-être jeune, j’avais seulement cinq ans mais je sentais
qu’on n’était pas les bienvenus. Je me rappelle quand ton grand-père me disait
qu’on est dans un paradis, que la France est un pays de rêve et que nous
allions vivre comme des princes. Des princes ? Un rêve ? Un
paradis ? Non je ne crois pas… J’ai vécu treize années de ma vie en
voguant de camps en camps. La vie de nos parents se résumait à, pour nos mère
rester au foyer, pour nos pères passer de leur travail à la maison et tout cela
sans aucun contact avec les français. Notre vie, les enfants de harkis, consistait
à alterner entre l’école française du camps pour les primaires, des écoles hors
du camps pour les collégiens et les lycéens où l’on tentait dans les deux cas de
rester le plus loin possible des français, et le retour au camp. Tout avait été
mis en œuvre par l’État français pour éviter la mixité sociale. J’avoue qu’il y
a une part d’auto marginalisation dans notre démarche. En effet, nous nous
séparons naturellement des Français, considérant que nous sommes un peuple à
part. Mais d’une autre part, nous étions sujet à de nombreuses insultes et
autres regards provenant des français. Je ne comprenais pas la décision de mon
père… C’est ça qu’il voulait ? Il préférait être traité comme un animal
que d’avoir combattu pour son propre pays ? Je n’ai jamais compris sa
décision. Je lui en veux pour cela. On a plusieurs conflits dans la famille à ce
sujet. Tout le monde était compréhensif sauf moi. On avait une vie en
Algérie ! </span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR">On pouvait parler notre langue dans la rue sans avoir honte
d’être arabe ! Ici on ne peut pas montrer nos origines parce que sinon ces
français nous observent avec cet air étrange dans leur regard comme si on
était des extraterrestres, des êtres inférieurs. Pourquoi avait-il combattu
pour des gens qui ne le respectent même pas ? Maintenant à cause de lui on
ne peut plus revoir nos amis et nos familles qui sont restées au
« bled ».<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Même
aujourd’hui, après cinquante ans que la guerre est terminée et que<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>l’indépendance de l’Algérie est
déclarée, je ne peux pas retourner au village sachant que je suis fils de
Harki<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par crainte d’être mal vu. »
<o:p></o:p></span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR"><br /></span></i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR"><br /></span></i>
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR"><br /></span></i></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR">J’ai remarqué que
mon oncle et mon père sont très différents. Mon père lui a eu plus de chance
que mon oncle parce qu’il a réussi à s’intégrer facilement avec les
français.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dès un très jeune âge,
durant sa socialisation primaire, on lui a introduit des valeurs et des normes
françaises. Alors que mon oncle, lui qui est né en Algérie a plutôt reçu des
normes et des valeurs de son pays natal, ce qui peut expliquer la difficulté de
son intégration avec les français.<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>On peut voir cela quand il dit qu’il ne comprend pas la décision de son
père et quand il m’a raconté que les chefs de camps voulaient qu’ils oublient
tout sur Algérie. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Mon père lui
était plus compréhensif sur la décision de mon grand-père Souleymane
contrairement à mon oncle. Il a eu plus de facilité que Tonton Nasser parce
qu’il est allé dans des écoles françaises et a été mélangé avec eux dès un
jeune âge.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il voulait être accepté
et respecté<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par les français à
l’aide sa personnalité et non de ses origines. Je me rappelle qu'un jour il
m’a dit : « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je ne comprenais
pas, nos père ont combattu pour l’armée française contre leur pays natal mais
on était toujours pas considérés comme des français. Personnellement, si on me
demande d’où je viens, je dirais « je suis français ». J’ai vécu
toute mon enfance en France, je suis allée dans des écoles françaises et on m’a
appris des coutumes françaises donc pourquoi dirais-je que je suis Algérien ? Un peuple qui me rejette, malgré mes racines, je n'en veux pas. ».
</i>Il s’est donc éloigné de son groupe d’appartenance et tenait à s'insérer dans
un groupe de référence en conformité avec ses opinions. D’ailleurs il a très
bien réussi parce qu’il est avocat, mais il m’a dit qu’il a tout de même eu du
mal à choisir entre les deux groupes sociaux différents. Malgré ce dilemme, il
est parvenu à résoudre son conflit de socialisation. Aujourd’hui avocat, il a
acquis ses qualifications durant sa socialisation secondaire, <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>où il a défendu les droits des Harkis le
renvoyant à sa socialisation primaire.</span><br />
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR"><span style="mso-spacerun: yes;">
</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR">Après que mon oncle
ait fini de fumer sa cigarette pour se calmer à cause de ce sujet émotionnel,
je lui ai demandé si il pouvait me parler de la révolte de mai 1975 vu que je
sais qu’il y avait participé.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il
m’a raconté son expérience de rébellion avec les autres enfants de harkis de
son âge : <span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR">« Je
ne comprenais pas la décision de ton grand-père et je lui ai reproché plusieurs
fois qu’il ait fait un mauvais choix. Tout ça pour quoi ? Il pensait
vraiment que l’État Français allait nous donner un confort, la liberté et une
vie de démocratie comme ce qu’ils nous avaient promis ? Il s’est fait
avoir… On s’est fait avoir ! Le confort ? On vivait dans des camps où
les conditions de vie étaient épouvantables et insalubres. On était deux familles
dans une tente, parfois trois. Il y avait peu de chauffage, peu d’eau, peu de
nourriture et l’électricité était contrôlée par l'administration. On vivait dans des conditions hygiéniques et
sanitaires minimales. Je me rappelle même qu’une fois il y avait des rats dans
notre tente et des verres de terre dans nos plats. Concernant, les baraques
dans lesquelles nous avons étaient replacés quand l’effectif du camp a commencé
à diminuer, les conditions sanitaires étaient certes meilleures mais loin d’être
acceptables. On souffrait mais on avait peur de se plaindre à l’État français
…<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Liberté ?<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On était marginalisés, cachés dans nos
camps qui étaient entourés par des barrières… On n’avait pas le droit d’en
sortir parce qu’ils ne voulaient pas qu’on se mélange avec les français. On
avait l’impression d’être des prisonniers ou même des animaux qui étaient mis
dans des cages … Démocratie ? C’est seulement une cinquantaine d’années
après que l’État Français a reconnu officiellement leur responsabilité dans
l’abandon des Harkis. On était clairement des étrangers pour eux alors qu’on
les a aidé à combattre pour leur pays et contre notre propre peuple !
Liberté, Égalité, Fraternité ? Non je ne crois pas… </span></i><br />
<i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR"><br /></span></i>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCK4YgkAIX8HF9qn1VKN33yADr3qr_Q1wnICOBTwXP1n6Msa7FtTUaSgQlhWtk4Q8xKcIZiNrb_SNLk1IWAKkih1JdswE2IDbrYLz2umZqP7FTKitrK_mGU39iC5XKICnE9wKTMW3uF5oy/s1600/P2263168D2121224G_px_512_.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCK4YgkAIX8HF9qn1VKN33yADr3qr_Q1wnICOBTwXP1n6Msa7FtTUaSgQlhWtk4Q8xKcIZiNrb_SNLk1IWAKkih1JdswE2IDbrYLz2umZqP7FTKitrK_mGU39iC5XKICnE9wKTMW3uF5oy/s320/P2263168D2121224G_px_512_.jpg" width="320" /></a><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span lang="FR"> Mais je
savais qu’un jour allait venir où on éclatera et on réclamera nos droits. Nos
familles, nos parents souffraient et eux n’avait pas de voix, ils n’avaient pas
la chance comme nous de parler un bon français. On a donc décidé d’être leur
voix, de parler pour eux. Libres, c’est ce qu’on voulait être. En 1974, lors de
la grève de la faim qui a eu lieu à l’Église de la Madeleine à Paris, on brisa
ce silence qui<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>durait depuis plusieurs
années maintenant. Je n’ai pas personnellement participé à cette grève parce
que j’avais seulement dix-sept ans mais huit Harkis seulement y était présent.
Ils voulaient obtenir le droit d’être considéré comme des Français à part
entière. Bien sûr, le gouvernement n’a pas réagi. Par contre, le 9
décembre 1974, les harkis comme les autres supplétifs obtiennent le statut
« d’anciens combattants en France ». C’était déjà un grand pas. Malgré
cela, rien ne change dans les camps et on vit toujours dans de mauvaises
conditions où on avait des douches et des toilettes communes et payantes dans
certains camps d’après ce que j’ai entendu. Même si cela n’avait pas changé
notre vie au quotidien, cet événement à permis d’attirer l’attention des médias
et faire entendre notre voix au sein de la population française et d’entamer un
début de reconnaissance.</span></i><span lang="FR"> Nous, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">les fils de harkis, on a découvert et on a fait connaître le détournement
des fonds destinés à notre communauté. Sur 4 milliards de francs des
subventions accordées en trente ans par les gouvernements successifs combien
ont profité aux harkis ? <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Il
n’était même pas question de manifester notre mécontentement parce que sinon
pour les adultes, le séjour à l’hôpital psychiatrique était brandi comme une
menace, comme une punition. Pauvreté, inactivité, quasi analphabétisme. Nous
crevions à petit feu. Tous ces ingrédients susceptibles de faire naître une
révolte se trouvaient ainsi réunis et elle éclata en 1975. Des jeunes
adolescents comme moi ont adhéré à la</i> « <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Confédération des français musulmans rapatriés d’Algérie et leurs amis »
(CFMRAA), dirigé par Mohammed Laradji, pour que nos voix soient plus puissantes
ensemble est aient un impacte sur la société. Cette même année là, en Mars, une
nouvelle grève de la faim à Évian eu lieu. Puis petit à petit d’autres
rebellions se sont déclenchées, notamment celles de Bias et de
Saint-Maurice-l’Ardoise entre mai et septembre 1975.</i></span><br />
<span lang="FR"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> Après cette période de
révolte, on nous a promis que les camps seront rasés et que nous serions relogés
dans des conditions décentes. Un sous préfet est venu s’installer à Bias pour
examiner notre situation famille par famille. Je me rappelle qu’il nous dit que
si on ne partait pas dans les plus brefs délais, ils allaient nous supprimer tous
nos avantages et que l’eau, l’électricité et les logements gratuits c’était
terminé. Il l’avait dit comme si on avait la chance de vivre dans ces camps,
mais il ne savait pas la misère qu’on endurait tous les jours. Par contre, si
on acceptait de se déplacer des camps, on nous promettait un million d’anciens
francs, six mille pour les célibataires, trois ans de gratuité pour nos futurs
logements et un emploi. La moitié des six cent occupants du camps ont déménagé entre
Août et Octobre 1976. Mais malgré cette révolte, en 1981, 28 500 personnes soit
3 560 familles vivaient encore dans vingt-trois hameaux ou anciens hameaux
forestier et 42 cités urbaines. Mais c’est que après la révolte de 1991, que
nos difficultés sociales sont prises en compte dans toutes les régions de
France. En ce qui nous concerne, on est allés s'installer dans le Lot-et-Garonne à
Conda où se situait à proximité une usine nommé Pont-à-Mousson. D’ailleurs
c’est là où ton grand-père et moi travaillions pour pouvoir nourrir toute la
famille. C’était un choc pour nous, un changement traumatisant. Cela faisait
des années qu’on était emprisonnés dans ces camps, de ce fait on a oublié
comment était la vie à l’extérieur et que l’on devait prendre des responsabilités.
Mais on avait tout de même un poste inférieur à celui des français qui eux travaillaient
dans le secteur tertiaire. On ne sera jamais assez bien aux yeux des français
de toute manière. »<o:p></o:p></i></span><br />
<span lang="FR"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><br /></i></span>
<span lang="FR"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><br /></i></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="FR"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><br /></i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-indent: 36pt;">
<span lang="FR">Les paroles de mon
oncle m’ont rappelé le cours d’histoire qu’on a vu au début de l’année dans le
chapitre « Les mutations des sociétés ». On sait qu’après la seconde
guerre mondiale, l’ensemble de l’Europe du Nord-Ouest se tourne vers
l’immigration. Notamment la France qui est le premier pays européen à avoir
recours à une main-d’œuvre étrangère pour combler son déficit démographique. En
effet, ils font appel aux étrangers pour tout d’abord reconstruire après
l’anéantissement de la guerre mais aussi durant les Trente Glorieuses. L’État
faisait intervenir les populations de la péninsule Ibérique et Maghrébine. Les
étrangers passent de 1,7 millions en 1940 à 3,4 millions en 1975. De plus, ces
nouveaux immigrants occupent les secteurs les plus difficiles du marché du
travail et plus spécifiquement dans le bâtiment ou l’agriculture. D’autant plus,
c’était une période de crise dans le monde avec le Choc Pétrolier qui a eu lieu lui
en 1974. En effet, l’arrivée massive de migrants entraîne parfois des réactions
de xénophobie. C’est pour cela que durant la crise, l’État contrôle davantage
l’immigration. Dès les années1970, la France se ferme à l’immigration du
travail. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Cette « maîtrise des
flux » est néanmoins atténuée par l’autorisation du regroupement familial.
La population étrangère progresse faiblement entre 1975 à 1982 avec un passage
de 3,4 à 3,7 millions de personnes. </span><br />
<span lang="FR">On peut voir qu’il y a un effet d’injustice
envers les Harkis. Paradoxalement, les immigrés avaient plus de faciliter à
s’intégrer dans la société que ces supplétifs algériens et leur famille.
D’accord, ils n’ont pas tout à fait réussi à s’y insérer et ils vivaient dans
des conditions terribles mais dès leur arrivées les hommes étaient obligés de
suivre des cours d’alphabétisation où ont leurs apprenait à lire et à écrire
dans des écoles alors que c’était facultatif pour les Harkis, eux qui vivaient
en France depuis 1962. Cela montre ce qu’ils étaient à l’égard de la société
française. J’aimerais aussi insister sur le fait qu’il n’y a pas que les
manifestations de 1975 qui ont eu un impact sur les harkis. </span><br />
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR">Après avoir fais
quelques recherches sur les raisons du déclenchement de la révolte, j’ai vu que
deux éléments ont provoqué l’émergence de cette « deuxième
génération ». Le premier s’agit d’une grande enquête menée par un
ethnologue, Jean Servier, qui est aussi un professeur de sociologie à
l’université de Montpellier et Anne Heinis qui occupe le poste clé
d’inspectrice régional du Service des Français d’Indochine et Musulman.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOIuRQwFJTjhqQtEB69pj_y8OpBnqdmzX2NNQwJYIZxpJmTcYpU4BJhHD8sAYnm1OU3XewdjQ-DqgC2T6q_huU2-jG77tolHJk-ak-BjarAKdEiLM7p4kq9q0cu2zSTZM4zYnUYiXOL3Br/s1600/1975-harkis-15A.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOIuRQwFJTjhqQtEB69pj_y8OpBnqdmzX2NNQwJYIZxpJmTcYpU4BJhHD8sAYnm1OU3XewdjQ-DqgC2T6q_huU2-jG77tolHJk-ak-BjarAKdEiLM7p4kq9q0cu2zSTZM4zYnUYiXOL3Br/s320/1975-harkis-15A.jpg" width="320" /></a></div>
<span lang="FR"> Je
l’avais précisé dans mon deuxième article mais je le rappelle tout de même, c’est
Servier, en particulier qui fut à l’origine de la création de la première <i style="mso-bidi-font-style: normal;">harka </i>dans les Aurès<i style="mso-bidi-font-style: normal;">. </i>C’est lui, en 1971, qui lance une enquête sociologique ayant pour
but de dresser un bilan général sur la situation des Harkis, soit dix ans après
leur arrivée en France. Cette enquête qui fut la plus grande recherche effectuée
sur cette population stigmatisée, a eu un grand impact après sa publication en
1972. Elle a pu être faite grâce aux institutions les plus directement concernées
comme par exemple le Comité national pour les français musulmans qui a attribué
à son financement, présidé par Alexandre Parodi, mais aussi grâce à l’appui
direct de Michel Massenet, directeur de la population et des migrants des
Affaires Sociales. Elle mêle des données statistiques approfondies et études
minutieuses des conditions de vie dans les camps. Les conclusions de l’enquête
sont alarmantes. Elles exposent en particulier le malaise qui règne dans les
camps et qui touchent les jeunes socialisés dans ces environnements largement
coupés du monde extérieur. À partir de l’été 1973, un ensemble de mesures ont
été prises. Tout d’abord avec la reconnaissance que les harkis sont des
français à part entière, ensuite avec la construction de mille logements pour
résorber les camps et enfin la mise en place de plusieurs mesures visant
directement les jeunes comme par exemple le soutien scolaire, la préformation
professionnelle ou même des bourses d’études. </span>Cette enquête a donc un aspect
politique par l’imminence de l’élection présidentielle en 1974 où les harkis
seront pour la première fois un enjeu certains des votes. Les effets néfastes
des conditions de vie des enfants de harkis, qui préoccupaient auparavant
seulement les administrations de ces lieus de regroupement, ont obtenu dès lors
une visibilité politique et publique. Les jeunes de la « deuxième
génération » sont désormais entrés, par la petite porte, sur la scène
politique.<br />
<br />
<br />
Plusieurs revendications ont eu lieu depuis ce temps et je vais vous
en citer quelques unes. En été 1975, des révoltes éclatent dans des camps et en
particulier celui de Saint-Maurice-L’Ardoise, le camps de Bias et ainsi dans plusieurs
hameaux de forestage. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Le 2 Juin
1975, les anciens harkis et leurs enfants enfermés au camps de Saint Maurice-l’Ardoise
se révoltent. En effet, ils prennent contrôle du camp afin de s’en libérer et pour
montrer leur volonté de s'intégrer
dans la population française. De plus, Le 20 Juin 1975 quatre fils d’anciens
harkis, munis de dynamite et de fusils à cannons sciés prennent en otage le
directeur du camps de Saint-Maurice- L’Ardoise, M.Langlet. Ils se sont enfermés
dans la mairie de Saint-Laurent-des-Arbres pour demander satisfaction à leurs
revendications.<br />
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
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<span lang="FR"><br /></span>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbrRRkXNuj3tc1KQWLRLHTnCb2AK4JdGMYccENg4OdK27VtJ3529BKrU16UXwrwOjFWRc_Nz_m4eCtIxL8HGMfrTdCkh84L_9YPEO6qtBaqg4pFqRwnXP4MpxyA6J1Fpnu8Joe1S9fTZoM/s1600/Sans+titre+5.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbrRRkXNuj3tc1KQWLRLHTnCb2AK4JdGMYccENg4OdK27VtJ3529BKrU16UXwrwOjFWRc_Nz_m4eCtIxL8HGMfrTdCkh84L_9YPEO6qtBaqg4pFqRwnXP4MpxyA6J1Fpnu8Joe1S9fTZoM/s320/Sans+titre+5.png" width="320" /></a><span lang="FR">En Juillet 1987, un Harki, Brahim, s’est rendu à Rome à pied
depuis Rouen pour prévenir le pape Jean Paul II et alerter la détresse des
familles des Harkis dans les camps. Plusieurs jeunes de la « deuxième
génération » ont été gravement blessés après avoir essayé de revendiquer
leurs droits. Depuis l’été 1981, des conflits entre la police et des jeunes
immigrés et fils de Harkis ont eu lieu. En effet, au lendemain des élections de
mars 1983, un groupe de jeune Maghrébins de la région lyonnaise se rassemblent
autour d’une association SOS Avenir Minguettes dirigé par Toumi Djaïdja, un
fils de harki. Le 20 Juin 1983, ce dernier a été gravement blessé par un </span>policier qui lui a tiré une balle.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRfXM3cZrcvXUcU-U53Xjk4ppdmBeSymPaNBtz61NvULDHiDCk51EoDqSCJoPmC3MZOyYRxS1JIihlQjyGf1Beajk4GcpHSKBHy-9bJfbwlfXCQmZFqZ4LvEKvvwbDqSmz4WUAO74v_0F2/s1600/Sans+titre+6.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRfXM3cZrcvXUcU-U53Xjk4ppdmBeSymPaNBtz61NvULDHiDCk51EoDqSCJoPmC3MZOyYRxS1JIihlQjyGf1Beajk4GcpHSKBHy-9bJfbwlfXCQmZFqZ4LvEKvvwbDqSmz4WUAO74v_0F2/s320/Sans+titre+6.png" width="224" /></a><span lang="FR"> C’est là où l’idée de créer « Marche
pour l’égalité et contre le racisme » lui vient à l’esprit. Elle eut lieu le 1<sup>er</sup>
décembre 1983 au ministère des Affaires sociales et de la solidarité. Cette marche comprend seulement neuf personnes dont quatre enfants
d’immigrés, quatre français et Toumi Djaïdja. Deux jours plus tard, 100 000
personnes dont certains sont des Français manifestent au sein de la
« Marche pour l’égalité et contre le racisme » à Paris. Ils
manifestent donc tous ensemble sans distinction d’origine, prouvant le désir
et leur réussite à s’intégrer dans la société. Ce jour là, ce leader exprime
leurs revendications devant le président de la République à l’Élysée où il cite
des enquêtes concernant les incidents avec les policiers, la facilité du
regroupement familial et la demande d’une carte de résidence de dix années pour
les jeunes n’ayant pas la nationalité française.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span><br />
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgm0-AFJ0T5RZfo1qQjHqz-AO1I2sd8hJY6z1PBb3OE7Ayem7tp_r9FUJ6q9EO0avFg5Vxs-EZfgKcRjUjgp6GF7UR_S0-yZs2vwpkJkglnNGkEvyaCmD9LBjQBM8tMSJIzGtLw4mZDiQDv/s1600/harki+10.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgm0-AFJ0T5RZfo1qQjHqz-AO1I2sd8hJY6z1PBb3OE7Ayem7tp_r9FUJ6q9EO0avFg5Vxs-EZfgKcRjUjgp6GF7UR_S0-yZs2vwpkJkglnNGkEvyaCmD9LBjQBM8tMSJIzGtLw4mZDiQDv/s320/harki+10.jpeg" width="320" /></a><span lang="FR">Mais pourtant, cela n’a pas eu d’impact sur le gouvernement.
En effet, d’autres révoltes ont eu lieu dans les années 1990 notamment en juin
1991 où huit fils d’anciens harkis exigent un statut de citoyen à part entière devant
la mairie de Saint-Laurent-des Arbres. Le 11 Juin 1991, Acène Harfi, leur dirigeant,
s’adresse à la population française depuis le balcon de la mairie. Un mois plus
tard, le 8 Juillet, des anciens fils de harkis affrontent des gendarmes après
une manifestation où ils ont démantelé leurs clôtures à Saint-Laurent-des-Arbres. </span><br />
<span lang="FR"><br /></span>
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsvqEPeInBMAp7tCwiyV8ktDdNB1ptH1Tj3c6J6Kp5L_Z5Ns48V3i1MFTPaPNENLNVaEiUVPXxcF5H9B_9GyEbNQacH_7Odm8fNaB9O56eu5DtMMdVshq3hgCbng4E1lpnbXYZaIv4qrro/s1600/Sans+titre+3.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhsvqEPeInBMAp7tCwiyV8ktDdNB1ptH1Tj3c6J6Kp5L_Z5Ns48V3i1MFTPaPNENLNVaEiUVPXxcF5H9B_9GyEbNQacH_7Odm8fNaB9O56eu5DtMMdVshq3hgCbng4E1lpnbXYZaIv4qrro/s200/Sans+titre+3.png" width="110" /></a><span lang="FR"><span lang="FR"><br /></span></span>
<span lang="FR"><span lang="FR"><br /></span></span>
<span lang="FR">Mais aussi le 31 juillet, des enfants d’anciens Harkis ont été menotté et mis à
genoux par le police à Carcasonne après avoir évacué des locaux de la
Direction départementale du travail et de l’emploi qu’ils avaient occupés.</span><br />
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<span lang="FR"><br /></span><br />
<span lang="FR">J’ai
vu aussi à l’aide de mes recherches que des femmes se sont manifestées
également dans les années 2000 pour défendre les droits de Harkis. Par exemple,
le 10 janvier 2004, 2000 femmes et filles de Harkis se sont manifestées à Paris
avec le soutien de la Ligue des droits de l’Homme. </span><br />
<span lang="FR"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_0e6Si5dP3eO-RXGyJ68KeLqr1TBeGVMcr7uKAyL-vOxd0B-IiL_FU9_DNo9v8pMK_CjU1zv809AeOvzU_OTTiz4jnQsjj5URkvaiJ7MdKaKCW0Fp-L96KuAeqQeZUpDVrAXPr3DcVxY9/s1600/Sans+titre+8.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="184" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_0e6Si5dP3eO-RXGyJ68KeLqr1TBeGVMcr7uKAyL-vOxd0B-IiL_FU9_DNo9v8pMK_CjU1zv809AeOvzU_OTTiz4jnQsjj5URkvaiJ7MdKaKCW0Fp-L96KuAeqQeZUpDVrAXPr3DcVxY9/s320/Sans+titre+8.png" width="320" /></a></div>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR"><br /></span>
<span lang="FR">En 2006 et par la suite,
d’autres manifestations ont eu lieu prouvant ainsi que la lutte pour leurs
droits n’est pas parachevée. J’ai trouvé quelques images et vidéos
intéressantes qui illustrent ces révoltes et j’ai donc décidé de les partager
avec vous.</span><br />
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</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dxd61ee9LLnDIhd7pzEid13CpHYdLSHfsmAoyCxJ0oO73PU7ha2ZvOFrTdiQHL9KabkM-zBAE43aTZWAatH5Q' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<span lang="FR">Bon mes chers internautes, je sais que cet
article peut paraître long mais il est nécessaire à la compréhension pour la
cause Harkie ! C’est tout pour aujourd’hui. À Bientôt !</span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-11557949764602177222013-02-09T08:52:00.000-08:002013-03-01T11:14:18.858-08:00LA RÉUSSITE MALGRÉ L'ORIGINE<span style="font-family: inherit; line-height: 17px;">Bonjour tout le monde,</span><br />
<div class="MsoNormal">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit; line-height: 17px;"> Il y a quelque temps, je lisais une revue sur les harkis et une phrase a particulièrement retenu mon attention, je l’ai donc écrite sur une feuille dans l’idée de réfléchir un peu plus tard dessus, mais malheureusement avec tout le travail qu’on a en ce moment, je l’ai complètement oublié. C’est seulement aujourd’hui, en rangeant mon bureau que j’ai retrouvé cette feuille qui s’était perdue entre deux cahiers. Je profite donc de ce week-end pour la partager avec vous :</span><br />
<span style="font-family: inherit; line-height: 17px;">" Tout passe par l’école, car celle-ci, dans des populations défavorisées, est la condition déterminante de la réussite professionnelle et donc un élément majeur du processus d’intégration sociale. "</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><span style="line-height: 17px;"><br /></span>
<span style="line-height: 17px;"> En fait, en lisant cette phrase, j’ai pensé à mon père. En effet, aujourd’hui il est avocat et il faut dire que c’est vraiment incroyable en sachant d’où il vient. Il est né dans le camp de Bias en 1971 mais il eut la chance de n’y vivre seulement les quatre premières années de sa vie. Quand je dis « chance », c’est parce que si l’on compare la trajectoire de mon père à celle de mon oncle, il y a une grande différence : mon oncle est né pendant la guerre et par la suite a vécu 13 années de sa vie dans les camps, cela change tout ! Les conditions de vie, la scolarisation, l’éducation et malheureusement cela a joué en défaveur de Nasser… Revenons-en à mon père, avec la suppression progressive des camps, il a pu vivre dans un vrai foyer avec l’accès à l’école publique nationale. Mon grand-père qui a souffert tant d’années, avait à présent comme seul espoir la réussite de son fils afin que ce dernier puisse avoir une belle vie et surtout afin qu’il n’est jamais l’occasion de toucher à la pauvreté. Ainsi, dès son plus jeune âge, il l’amenait à la bibliothèque, tous les matins il l’accompagnait à l’école, le soir il vérifiait bien qu’il fasse tous ces devoirs et malgré leurs petits revenus, il faisait tout son possible pour acheter le nécessaire à son enfant afin qu’il puisse s’intégrer avec les autres, pour qu’on ne le critique pas ou qu’on rigole de lui… Durant toute sa jeunesse, mon père s’est donc intégré facilement avec les autres enfants, notamment grâce au fait qu'il y ait des enfants d’harkis dans le village. Aussi, il était très bon à l’école, même l’un des meilleurs ce qui étonnait beaucoup les autres qui ne comprenaient pas comment un fils de harki pouvait avoir d’aussi bons résultats car habituellement on constatait plutôt plus de difficultés scolaires pour ces enfants issus d’un milieu difficile. En ce qui concerne mon père, il m’a dit que s’il a travaillé autant, premièrement c’est parce qu’il aimait l’école, il aimait étudier et apprendre plus de choses chaque jour, mais il travaillait également pour que son père soit fier de lui. Cependant, plus il fallait monter en grade, plus l’école revenait chère : ce n’était plus le temps de la maternelle ou de la primaire où la quasi-totalité des affaires étaient offertes. Mon grand-père avait peur de ne pas avoir les moyens pour subvenir à tous ses achats, heureusement c’est à partir de cette période que le gouvernement a mis en place des bourses complémentaires aux bourses de droits communs pour les harkis. Ainsi, mon père a pu bénéficier de ces précieuses aides dont il avait vraiment besoin pour devenir avocat, car ce qu’il voulait le plus au monde c’est pouvoir défendre et aider des personnes pour dans des causes justes. Après l’obtention de son baccalauréat, il dû partir à Paris pour commencer ses études de droits à l’Université Paris 1. Ce fut un grand changement pour lui, pour la première fois il devait quitter sa famille pour se retrouver seul à Paris. Il m’a raconté que c’était très difficile pour lui au début mais que c’était un passage obligé pour "couper le cordon". Durant les quatre années universitaires, il eut une rupture entre sa vie au village et celle dans la capitale, tout est complétement différent, les gens n’étaient pas du tout les mêmes, c’était le début d’une socialisation anticipatrice où il se détacha des normes et valeurs inculquées durant son enfance afin d’intérioriser celle de son groupe de référence, les autres étudiants de son école. Grâce à cela, il se fait de nouveaux amis mais contrairement à eux, il doit travailler encore plus, en effet, il a un petit boulot à côté pour avoir un peu plus d’argent mais ne le dit à personne afin de ne pas paraître pour un pauvre aux yeux des autres, qui eux ont beaucoup d’argent facilement, grâce à leurs parents. Il devient donc serveur dans un petit café dans le 18ème arrondissement à Paris, et même si le salaire n’est pas très haut le patron est quand même très gentil, il y a une bonne ambiance et parfois, certains clients laissent même un pourboire. D’ailleurs, c’est dans ce café que mon père rencontra ma mère pour la première fois. Sorya aussi été algérienne et venait parfois le matin prendre un café noir. Ils discutaient souvent ensemble et devinrent rapidement bons amis, il lui racontait sa vie à l’université mais lui mentait sur ses origines car il avait peur que si elle apprenait que c’était le fils d’un harki, alors elle ne voudrait plus lui parler le considérant comme étant le fils d’un collaborateur, en plus, plus le temps passait, plus ses sentiments pour elle changeaient, il commençait à tomber amoureux, c’était la première fois pour lui. Mais après s’être disputé avec un client lors d’un service, il perd son emploi et perd aussi de vue Sorya… Il décide donc de ne pas reprendre un autre emploi car sinon il n’arriverait jamais à réussir ses études. Après quatre années d’études il obtient donc son Master 1, puis s’inscrit à l’Institut d'Etudes Judiciaires de son université dans laquelle il fait une formation d’un an pour préparer le concours d’entrée à l’école d’avocat. Après avoir réussi l’examen au CRFPA, centre régional de formation professionnelle des avocats, il intègre l’école pour une formation de 18 mois et à la fin obtient le fameux CAPA, le Certificat d'Aptitude à la Formation d'Avocat qui lui permet de solliciter son inscription au tableau du barreau de Paris (un barreau est l'ordre professionnel des avocats). Après toutes ses années qui sont passées, il décide un jour de faire un tour dans le 18ème arrondissement pour voir si le café était toujours là, et comme par hasard, il tombe sur Sorya qui avait gardé sa vieille habitude de prendre son café noir. Tous les deux se reconnaissent immédiatement, ils sont à la fois si heureux et si étonnés de se rencontrer après tant d’années, et à partir de ce jour, petit à petit, leur ancienne relation redémarre. En effet, même si mon père ne travaille plus au café, il vient quand même la voir, c’est durant cette période que son amour pour elle réapparait. Il sent qu’elle aussi a des sentiments pour lui et décide de la demander en mariage ce qui implique donc qu’il doit à présent lui dire la vérité à propos de sa famille. Cela ne va pas arranger les choses puisque même si ça n'a pas d'importance pour Sorya, il n’empêche que son père, lui, est totalement contre ce mariage et surtout contre ce mari. Néanmoins, à force de temps la mère de Sorya arrive à convaincre le père que le bonheur de sa fille est le plus important et non le passé de la famille de l’homme. De plus, le fait que Mohamed devienne avocat joue en sa faveur. C’est ainsi qu'ils se marièrent le 20 juin 1995, ce qui amènera un an plus tard à ma naissance.</span></span><br />
<span style="font-family: inherit;"><span style="line-height: 17px;"><br /></span>
<span style="line-height: 17px;"> Vous devez vous demander comment on a pu passer du sujet de l’école au mariage de mes parents, ce qui est assez bizarre en effet mais d’après cette histoire, on peut voir que nos origines ont une place importante dans notre vie et même si au cours de notre vie, nous changeons complètement, nos origines resteront les même. De plus, je tiens à préciser que l'histoire de mon père est exceptionnelle par rapport à celle de la plupart des autres enfants de harkis. Peu ont fini aussi diplômés même si après la fermeture progressive des camps, l'État a mis en place des mesures particulières pour ces enfants. </span><span style="line-height: 115%;">Par exemple, </span><span style="line-height: 17px;"> </span><span style="line-height: 17px;">dans les zones</span><span style="line-height: 17px;"> à forte implantation d'anciens supplétifs</span><span style="line-height: 17px;">, </span><span style="line-height: 115%;">des classes
de maternelles ont été créées en plus, ainsi que des classes de rattrapage et des institutions </span><span style="line-height: 17px;">d’études</span><span style="line-height: 115%;"> </span><span style="line-height: 17px;">surveillées</span><span style="line-height: 115%;">. De plus ils purent </span><span style="line-height: 17px;">accéder</span><span style="line-height: 115%;"> à des bourses </span><span style="line-height: 17px;">d’études</span><span style="line-height: 115%;"> </span><span style="line-height: 17px;">différentes</span><span style="line-height: 115%;"> selon le </span><span style="line-height: 17px;"> niveau (élémentaire, secondaire, technique ou supérieur). Plus tard il y eut des aides à l'embauche versées pour les employeurs qui proposaient un contrat </span><span style="line-height: 17px;">d’apprentissage ou un contrat de qualification à un enfant de harki, ainsi que des aides à la mobilité professionnelle ou encore un dispositif anti-discrimination. Cela montre donc la volonté de l'État à intégrer ces hommes le mieux possible. </span><span class="Apple-style-span" style="line-height: 17px;">Dans la rue, un harki est désormais un algérien comme les autres. </span><span style="line-height: 17px;">A</span><span style="line-height: 17px;">vec la </span><span class="Apple-style-span" style="line-height: 17px;">quasi disparition</span><span style="line-height: 17px;"> des hameaux forestiers et la dissolution des camps</span><span style="line-height: 17px;"> on peut remarquer qu'au fil des générations, les différences s'atténuent</span><span style="line-height: 17px;">. </span></span></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-37058006015798240662013-02-02T09:06:00.000-08:002013-03-01T11:22:33.718-08:00UN PROFOND CHANGEMENT<span style="white-space: pre;"> </span>En France, il aura fallu attendre 12 années à partir de la fin de la guerre d’Algérie pour que les harkis soient officiellement reconnus comme des combattants à part entière et puissent donc jouir des droits dus à ce rang. En effet, c’est uniquement à partir du 9 décembre 1974 qu’une loi « donne vocation à la qualité de combattant aux personnes ayant participé aux opérations effectuées en Afrique du Nord entre 1952 et 1962 ». C’est donc à partir de cette année que débute réellement la reconnaissance des harkis. Cela est dû en partie aux révoltes des jeunes (dont je vous ai parlé précedemment). En plus de cette reconnaissance officielle, ils ont aussi réussi à obtenir la fermeture progressive des camps. Néanmoins, même s’il est vrai que les conditions de vie dans ces camps étaient inadmissible, c’était leur seul moyen de vivre en France. En effet, avec la disparition des camps, le gouvernement constate qu’un trop grand nombre de harkis vit dans une situation de précarité… En conséquence, différentes lois furent mises en place au fil des années par l'Etat Providence qu'est la France pour les aider, celles-ci concernant les individus ayant la nationalité française et résidant dans le pays:<br />
- Les premières aides au logement pour les anciens supplétifs sont définies dans les années 80 : au départ, des mesures diversifiées sont instaurées tel que des primes pour accéder à la propriété, des subventions à l’amélioration de l’habitat ou des aides pour ceux qui peinent à payer leur loyer, etc. Puis dans les années 90, les pouvoirs public mettent en place un programme départemental d’actions pour le logement obligatoire dans 42 départements de France afin de diagnostiquer la situation exacte des anciens supplétifs et de leurs familles au regard du logement. Ainsi le financement des actions, nécessitées par la spécificité des situations diagnostiquées, est pris en charge par des procédures de droit commun (cela signifie toutes les situations qui ne sont pas soumises à des règles spéciales ou particulières) à l’exception des subventions à l’amélioration de l’habitat.<br />
- La loi du 16 juillet 1987 relative au règlement de l’indemnisation des rapatriés prévoit dans son article 9 une allocation forfaitaire de 60 000 francs soit environ 9150 euros pour les harkis néanmoins si ce dernier meurt, l’allocation est versée au conjoint survivant et en cas de décès des 2 parents, elle est versée à part égale aux enfants (cette allocation aura été servie à 12 660 supplétifs, 1345 veuves et 1591 enfants).<br />
- La loi du 11 juin 1994 aussi appelée « loi Romani » (car à cette période Roger Romani est le Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Sénat et des Rapatriés) est particulière, en effet, il est écrit qu’elle est relative « aux rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie » cela signifie donc qu’elle se concentre sur les harkis. Dans le premier article, il est écrit que « La République française témoigne sa reconnaissance envers les rapatriés anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité en Algérie pour les sacrifices qu’ils ont consentis », elle donne donc le droit à de nouvelles mesures. Elle ajoute une allocation complémentaire de 16769 euros à l’allocation forfaitaire de 1987 (cette allocation aura été servie à 12 029 supplétifs, 2023 veuves et 1326 enfants). De plus, cette loi établit le Plan Harki pour une durée de cinq années mais qui fut prolongée à plusieurs reprises. Les mesures principales sont des aides financières pour l’acquisition d’un logement principal (art. 7), l’amélioration de l’habitat pour les propriétaires occupants (art. 8) mais qui ne peut excéder 80 % du coût total des travaux, et une aide au désendettement immobilier (art. 9) afin de pouvoir devenir propriétaire de sa résidence. Enfin cette loi crée une aide pour les conjoints survivants, néanmoins il y a deux qui changent en fonction de l’âge, une pour les personnes qui ont entre 50 et 60 ans et une autre pour les plus de 60 ans mais dans les deux cas le conjoint survivant ne doit pas dépasser un plafond de revenus pour pouvoir bénéficier de cette aide.<br />
- En 1999 est créée une rente viagère (une somme d’argent versée périodiquement jusqu’au décès de la personne en question) en reconnaissance de tout ce qu’ils ont subi dans le passé : cette aide matérielle a donc pour but d’améliorer leurs conditions de vie en leur assurant un revenu régulier. Néanmoins seuls les supplétifs peuvent l’obtenir, de plus elle soumise à des conditions d’âge et de ressources (ne pas dépasser un certain plafond). Une année plus tard, elle est rectifiée afin que les veuves puissent elles aussi bénéficier de cette rente. Malgré cela, en 2002, on constate que seulement 6340 personnes ont pu en bénéficier (ce qui représente seulement 55% du nombre total de harkis et des veuves), cela signifie que près de la moitié du nombre total de harkis et de veuves a donc été exclu de cette mesure à cause des conditions de plafond des ressources. En conséquence pour remédier à cela, la rente viagère est remplacée par une allocation de reconnaissance n’étant soumise à aucune condition et étant indexée sur le coût de la vie : le nombre de bénéficiaires est donc multiplié par deux ainsi que le coût annuel de la mesure. Enfin, avec la loi du 23 février 2005, le montant de l’allocation est revalorisé et les bénéficiaires ont le choix entre 3 options pour le déversement de l’argent : celle qui leur convient le mieux, mais les harkis ne sont pas d’accord car ces indemnisations transforment la rente viagère en un capital versable en une seule fois. De plus, certaines personnes attendent toujours cette indemnisation.<br />
- En ce concerne précisément la loi du 23 février 2005, la Nation exprime à travers celle-ci sa reconnaissance aux harkis qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France en Algérie mais pas uniquement puisqu’elle concerne aussi les personnes des anciens départements français (Maroc, Tunisie et Indochine) ainsi que ceux dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. Ici encore, il s’agit de différentes aides, par exemple, afin que les anciens supplétifs aux revenus modestes puissent assurer une bonne scolarisation à leurs enfants, ces derniers qui ont la possibilité d’accéder aux bourses de l’éducation nationale peuvent bénéficier d’aides en plus dont les montants et les modalités d'attribution varient en fonction de chaque cas. Néanmoins, cette loi a suscité de l’énervement chez ces hommes surtout en ce qui concerne l’article 4 qui dit que la colonisation a eu un rôle positif. Le gouvernement a donc annoncé fin 2007 que cette loi serait modifiée pour être conforme avec le droit international.<br />
-Enfin, la dernière loi en date vise à pénaliser d’une amende de 45000€ pour diffamation ou 12000€ pour insulte à l’encontre d’un harki et permet aux associations de harkis de les défendre. Elle a été officiellement adoptée depuis le 27 février 2012 et apparaît dans la loi du 7 mars 2012.<br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="http://www.clan-r.org/portail/local/cache-vignettes/L440xH292/On_ne_le_dit_pas_assez-951df.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="212" src="http://www.clan-r.org/portail/local/cache-vignettes/L440xH292/On_ne_le_dit_pas_assez-951df.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Plaque de commémoration dans la cour d'honneur de l’Hôtel des Invalides</td></tr>
</tbody></table>
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>Au-delà de toutes ces lois, il y a la reconnaissance de la France envers ces anciens supplétifs grâce la journée du 25 septembre qui est devenu en 2003 la Journée nationale d'hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives des armées françaises. Deux années auparavant, à cette même date, l’ancien président Jacques Chirac avait déjà fait une journée d’hommage qui reconnaissait le drame des harkis durant laquelle il inaugura une plaque de commémoration dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides, même plaque qui fut posée par les préfets de 27 autres sites de France. En plus de cela, une cérémonie fut organisée en l'honneur des harkis dans tous les départements. Le 5 décembre 2002 a été inauguré par l’ancien président Jacques Chirac un « Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie ». Une année plus tard a été choisie la date du 25 septembre pour célébrer la « journée nationale d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie », qui a lieu depuis chaque année. Il ne faut pas oublier les différents présidents qui ont reconnu ce drame de l’histoire des harkis. En mars 2007, lors des élections présidentielles, l’ancien président Nicolas Sarkozy promis : «Si je suis élu président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis et de milliers de musulmans français. Et je le veux afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois.», cinq années plus tard, le 14 avril 2012, il s’est rendu à Rivesaltes et a reconnu la "responsabilité historique" de la France dans "l'abandon" des harkis. Même d’après certaines personnes cette reconnaissance a été tardive (c’était à huit 8 jours du premier tour de la présidentielle), des proches ont justifié que c’était pour concorder avec l’anniversaire des 50 ans de l’indépendance algérienne et comme le dit la célèbre expression, vaut mieux tard que jamais !<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOpE6RT0KtOtz7DEqCgBw_dtHICdguX9Ak60HKp-USFfHny361EhqP1yClBGJACeLrRnrJaBk_YRcl5cfz0KDT4BbKGUhjtCjKgzGd-uwsyTkOF-aFhYa0Gb2yvDvmwHYhHtxfCDzJWkCe/s1600/75-132603-copie-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOpE6RT0KtOtz7DEqCgBw_dtHICdguX9Ak60HKp-USFfHny361EhqP1yClBGJACeLrRnrJaBk_YRcl5cfz0KDT4BbKGUhjtCjKgzGd-uwsyTkOF-aFhYa0Gb2yvDvmwHYhHtxfCDzJWkCe/s320/75-132603-copie-1.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Mémorial National de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie - Quai Branly</td></tr>
</tbody></table>
<span style="white-space: pre;"> </span>Aussi, plusieurs associations d’harkis ont été créées au fil des années, bien sûr elles n’ont pas toutes le même but, la plupart sont locales et servent d’aide sociale, d’autres se concentrent sur le besoin de faire connaitre l’histoire, pour un devoir mémoire et de commémoration de ces anciens supplétifs, de leur famille et de tout ce qu’ils ont subi. Enfin il existe aussi celles qui travaillent sur les questions juridiques. Pour vous citer quelques noms, il existe Harkis et droits de l’Homme, le Comité Harkis et Vérité, ou Justice Information Réparation pour les harkis, bien évidemment il en existe beaucoup plus mais elles ne sont pas toutes connues de la même façon.<br />
<br />
<span class="Apple-tab-span" style="white-space: pre;"> </span>A présent, je pense que vous êtes beaucoup mieux informés sur la reconnaissance des harkis (moi aussi d’ailleurs), je vous dis donc à la prochaine fois.<br />
<br />
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/08370448718654457729noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-101191482387674063.post-69915644476790017142013-01-31T07:01:00.000-08:002013-02-26T09:02:34.578-08:00AU REVOIR LES AMIS!Bonjour pour la dernière fois,<br />
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Aujourd’hui cela
fait déjà le dixième article que je publie et je suis assez fier
du résultat, je pense qu’il est temps de dresser un bilan pour
conclure cette aventure. Tout en voulant vous faire réfléchir sur
la question des Harkis et tout au long de mes recherches, mais
également grâce à vos messages personnels, j’ai moi même
beaucoup appris et j’espère que c’est le même cas pour vous. La
découverte du journal de mon grand-père m’a beaucoup servi pour
l’écriture du blog mais m’a aussi permis de retracer l’histoire
de ma famille et de mieux connaître mon grand-père qui n’avait
jamais eu l’occasion de me le transmettre par lui même. Je vais
donc résumer brièvement ce que j’ai rédigé tout au long de mon
blog.
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Tout a commencé
lors de la Guerre d’Algérie quand certains Algériens ont rejoint
le camps français, chacun ayant différents parcours d’engagements
et différentes raisons. Dès le départ, ils n’étaient pas
considérés comme de vrais soldats français mais le réel problème
se posa quand la défaite des camps français pointa. En effet, dès
les accords d’Évian signés le 18 Mars 1962 qui annoncent le
« cessez le feu », la vie des Harkis bascule. Du jour au
lendemain, ils sont désarmés, abandonnés par la France ou livrés
aux mains du FNL, nouveau dirigeant du pays qui refuse la présence
de traîtres sur leur territoire. Ils sont donc massacrés ou encore
humiliés en public par le FNL. Leur seule issue pour survivre était
donc de se réfugier en France. Mais le plan de rapatriement a été
long et difficile et tous les Harkis d’Algérie n’ont pas réussi
à s’enfuir à temps, sans oublier la période où le gouvernement
leurs refusa l’accès en France.</div>
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Ceux qui ont réussi à atteindre la terre d’exil, on été parqués
dans des camps d’internement ayant déjà servi pour d’autre
population stigmatisés tel que des juifs, des tziganes, des réfugiés
Espagnols… Le gouvernement français les a ghettoïsés,
marginalisés et cachés de la population française comme pour
passer sous silence le résultat d’une défaite amère. Leurs
conditions de vie étaient éprouvantes : pas d’eau, pas
d’électricité, des douches et des toilettes publiques parfois
payantes. Peu qualifiés ceux-ci se retrouvaient à des postes aux
faibles revenus qui ne permettait pas une amélioration de leurs
conditions de vie. Le travail des femmes était très peu présent et
elles passaient le plus clair de leur temps à s’occuper de leur
foyer et de leurs enfants. Ces derniers se rendaient de la maternelle
au primaire à l’école des camps où un enseignement très basique
était donné et où ils étaient encore une fois marginalisés.
Néanmoins, une possibilité d’intégration s’offrait à eux lors
du passage au collège où ils étaient mêlés au français car il
n’y avait pas assez de moyens nécessaires pour offrir des cours
aux plus grands. Malgré cela, je tiens à préciser que la plupart
était mise a l'ecart par leurs camarades quand d’autres en
venaient même à s’auto-marginaliser, préférant l’homophilie.
L’étude de la langue française leur donna la voix que leurs
parents ne possédaient pas pour pouvoir briser le silence et parler
des épreuves qu’ils ont accumulées durant toutes ces années. Ce
facteur, combiné à l’étude de Jean Servier, ethnologue français
qui fit connaître le sort des Harkis à l’opinion publique,
engrangea les révoltes de la seconde génération à partir de 1974,
témoignant de leur désir d’intégration. Paradoxalement, les
immigrés avaient plus de facilite a s’insérer dans la société
française, mais eux aussi subissaient des difficultés, les poussant
à se révolter ensemble. Après une douzaine d’années de vie
dans les camps, les harkis furent reconnus comme des combattants à
part entière et par la suite, les camps furent délités petit à
petit. Ceci entraîna une prise d’indépendance qui n’était pas
toujours facile pour des personnes ayant vécu longtemps assistés.
En effet, les pouvoirs publics constatent qu’un trop grand nombre
de familles vit dans une situation de précarité. Au fil du temps,
différentes mesures sont mises en place pour les aider, mais
celles-ci ne sont pas suffisantes aux yeux de certains harkis et leur
famille. Aujourd’hui, ils continuent leur combat à l’aide
d’associations qui luttent pour leurs droits et la mémoire de leur
histoire tels que <i>Ajir</i>, <i>Harkis et droits de l’Homme</i>,
preuve d’une intégration qui n’est pas encore achevée.
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On peut donc
conclure qu’il y a eu une grande amélioration de la vie de ces
anciens supplétifs par rapport à 1962. Malgré cela, plus de
cinquante années après la fin de la guerre, les harkis balancent
toujours entre marginalisation et intégration. Ainsi, la plupart des
harkis ne sont pas complètement adaptés <span style="font-family: Cambria, serif;">à</span>
la société française, mais la plupart de la seconde génération a
opéré le changement. On peut donner l’exemple de Kader Arif, fils
d'un harki, qui occupe la place de ministre délégué aux anciens
combattants dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et de député
européen ou encore de Jeannette Bougrab qui a été Secrétaire d'état chargée de la Jeunesse et de la Vie associative au gouvernement de François Fillon et présidente de la HALDE qui lutte contre les discriminations.</div>
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Ainsi se termine
mon blog, si vous désirez me poser une question ou me proposer la
rédaction d'un article, je resterais actif sur le site et je suis
toujours ouvert aux suggestions.</div>
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Merci beaucoup <span style="font-family: Cambria, serif;">à</span>
vous de m'avoir lu et suivi, j’espère maintenant que si vous aviez
des préjugés sur les harkis, ceux-ci se sont envol<span style="font-family: Cambria, serif;">é</span>s
ou du moins atténués et surtout, partagez cette page, pour faire
connaître leur histoire et faire durer leur mémoire.</div>
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Cordialement,
Mohamed Ben Said.</div>
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