Bonjour,
Dans la présentation de mon blog, je parle du terme harki comme si tout le monde le connaissait... Mais après avoir parlé avec beaucoup d'amis et de connaissances, je peux me rendre compte que peu en savent réellement le sens et l'histoire de ces individus, ce qui peut encore me servir à prouver l'ignorance de la population à l’égard de la condition harki. Je vais donc vous expliquer qui sont les harkis à partir de mes recherches personnelles.
Le terme « harki » vient de l'arabe « haraka » qui signifie mouvement. Ce terme est polysémique et peu de personnes peuvent en donner une signification exacte. Il englobe donc souvent tous les citoyens français d’Algérie d'origine arabe ou berbère qui ont servi la France pendant la Guerre d’Algérie malgré les menaces du Front de Libération National et contre lui. Les harkis firent partie des « français de souche nord-africaine ». Cette appellation désigne plusieurs forces supplétives. Tout d’abord, les « moghaznis » chargés de la protection des Section Administrative Spécialisée (chargées de promouvoir l’Algérie Française, de fournir une assistance scolaire, sociale, médicale envers les populations rurales algériennes dans le but de les rallier à la cause de la France). Ensuite les GMPR (Groupes mobiles de police rurale) ou GMS (groupes mobiles de sécurité) devant protéger les édifices publics. Enfin les GAD (groupes d'auto-défense) et les « assès » (gardiens) des Unités territoriales. En tout, à peu près 200 000 algériens ont porté l'uniforme français durant le conflit. Le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, selon le rapport à l'O.N.U du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, on dénombrait en Algérie 60 000 harkis, un nombre approximatif et très controversé.
La première harka (groupe de harkis) fut composée en novembre 1954 dans les Aurès par l'ethnologue Jean Servier. Elle n’était commandée par aucun militaire et n’était pas rétribuée. Il joua des conflits ancestraux entre les tribus et en monta deux ennemies l'une contre l'autre. Cette harka fut ensuite prise en main par l’armée et l’idée fut reprise et se propagea jusqu'à l'officialisation du terme en 1956, le 8 février par la note du général Lorillot (et le général Robert Lacoste) qui ordonna la constitution d'une harka dans chaque corps de l’armée. En 1959, le général de Gaulle accorda que le nombre de harkis (28 000 fin 1959) soit double.
Ces harkas ont été composées par l’armée française pour plusieurs raisons. Tout d'abord, en tant qu’algériens et parfois même anciennes recrues de l'ALN (au nombre de 3000), ils avaient une excellente connaissance du terrain dans leurs régions, étaient mobiles et très doués pour débusquer les caches et rebelles dans la nature mais avaient également connaissance des habitudes et des façons d'agir des fellaghas. Ils pratiquaient également la langue arabe ou berbère, étaient endurants et courageux. Ils permettaient également à l’armée de couper la population du FLN, pour qui elle est indispensable en vidant certaines zones de ses habitants et les regrouper dans des centres puis détruire les villages. La formation des forces supplétives permettaient également de contester la représentativité du FLN, qui se prétendait comme l'unique représentant des musulmans algériens, mais limitait également le nombre d’appelés français en Algérie, car une partie de l'opinion française était contre l'envoi des soldats en Afrique du nord.
Sachant que leur engagement allait les rejeter de la population pro-indépendantiste algérienne, on peut se demander pourquoi les harkis se sont engagés aux côtés de l'armée française. Il y a en effet plusieurs raisons qui les ont poussés à l'engagement.
Mon grand-père, comme beaucoup d'algériens, était pauvre et compte des victimes des exactions du FLN dans sa famille. Ainsi, son père et sa mère furent tués par un fellagha en 1957. En effet, l'engagement par intérêt économique, quoiqu'un des plus rares, fût tout de même présent, dues aux conditions de vie difficiles dans les campagnes, au fort taux de chômage et aux terres insuffisantespour nourrir les familles. Mais il ne faut pas oublier que la rétribution était minime en comparaison des risques encourus. Le motif le plus fréquent était ainsi le désir de vengeance face aux massacres injustifiés du FLN, qui, soucieux de s'imposer comme seul représentant du peuple algérien, choisit la répression et la terreur. Ainsi, le FLN menait le combat contre l’autorité française et contre le peuple algérien en assassinant des habitants au moindre soupçon d’opposition. Nombre de supplétifs ou d'anciens du FLN se sont ralliés au camp français pour la défense et la protection de leurs familles et pour fuir ou par refus de la terreur du FLN. Certains harkis se sont aussi engagés par solidarité pour leur famille ou leur clan mais également par patriotisme ou conviction politique. Elle concernait les anciens combattants convaincus de la supériorité de la France ou l’élite algérienne qui était naturalisée. Certains croyaient ainsi en l'action sociale des SAS et en leur pouvoir d’évolution pacifique de l’Algérie, quand d'autres pensaient que l’indépendance, inévitable, pouvait être obtenue avec l'aide française et non contre elle.
Mais il ne faut pas non plus considérer le rôle de l’armée française dans l’enrôlement de ces supplétifs comme nul. En effet, les exactions du FLN trouvèrent des réponses sous formes d'autres violences par le camp adverse (tortures, bombardements, ratissages...) et certains engagements étaient faits sous la force ou la pression. Effectivement, les directives de l’État-major stipulaient clairement que les officiers se devaient « d'inciter la population à se constituer en GAD et d'amener les musulmans à participer à la lutte contre les rebelles ». Les troupes utilisèrent donc divers moyens pour enrôler les « musulmans » comme désignés officiellement (malgré la laïcité française!). Un bureau de l'action psychologique fut créé, utilisant la propagande pour conquérir les habitants, des actions furent menées pour « mouiller » les musulmans et les condamner aux yeux du FLN. Plus rarement, des engagements étaient obtenus par la contrainte physique ou psychologique sous forme de menaces ou de représailles sur la famille.
Mais tout le problème de la question harki se pose dès leur désarmement fin 1961- début 1962 puis à travers leur abandon par le pouvoir français et leur appellation significative d' « oubliés de l'Histoire ». En effet, cette population harki est restée dans l'ombre, entre intégration dans la société française pour certains et marginalisation voire auto-marginalisation pour la plupart. Sans cesse en quête d’identité, les harkis et leurs descendants, dont je fais partie, sont toujours à la recherche de plus de reconnaissance de la part de l’État français. Je vais tenter d’éclaircir au cours de ce blog la situation des harkis et de leurs descendants, et je vous dis donc à la prochaine fois !
Dans la présentation de mon blog, je parle du terme harki comme si tout le monde le connaissait... Mais après avoir parlé avec beaucoup d'amis et de connaissances, je peux me rendre compte que peu en savent réellement le sens et l'histoire de ces individus, ce qui peut encore me servir à prouver l'ignorance de la population à l’égard de la condition harki. Je vais donc vous expliquer qui sont les harkis à partir de mes recherches personnelles.
Le terme « harki » vient de l'arabe « haraka » qui signifie mouvement. Ce terme est polysémique et peu de personnes peuvent en donner une signification exacte. Il englobe donc souvent tous les citoyens français d’Algérie d'origine arabe ou berbère qui ont servi la France pendant la Guerre d’Algérie malgré les menaces du Front de Libération National et contre lui. Les harkis firent partie des « français de souche nord-africaine ». Cette appellation désigne plusieurs forces supplétives. Tout d’abord, les « moghaznis » chargés de la protection des Section Administrative Spécialisée (chargées de promouvoir l’Algérie Française, de fournir une assistance scolaire, sociale, médicale envers les populations rurales algériennes dans le but de les rallier à la cause de la France). Ensuite les GMPR (Groupes mobiles de police rurale) ou GMS (groupes mobiles de sécurité) devant protéger les édifices publics. Enfin les GAD (groupes d'auto-défense) et les « assès » (gardiens) des Unités territoriales. En tout, à peu près 200 000 algériens ont porté l'uniforme français durant le conflit. Le 19 mars 1962, jour du cessez-le-feu, selon le rapport à l'O.N.U du contrôleur général aux armées Christian de Saint-Salvy, on dénombrait en Algérie 60 000 harkis, un nombre approximatif et très controversé.
La première harka (groupe de harkis) fut composée en novembre 1954 dans les Aurès par l'ethnologue Jean Servier. Elle n’était commandée par aucun militaire et n’était pas rétribuée. Il joua des conflits ancestraux entre les tribus et en monta deux ennemies l'une contre l'autre. Cette harka fut ensuite prise en main par l’armée et l’idée fut reprise et se propagea jusqu'à l'officialisation du terme en 1956, le 8 février par la note du général Lorillot (et le général Robert Lacoste) qui ordonna la constitution d'une harka dans chaque corps de l’armée. En 1959, le général de Gaulle accorda que le nombre de harkis (28 000 fin 1959) soit double.
Ces harkas ont été composées par l’armée française pour plusieurs raisons. Tout d'abord, en tant qu’algériens et parfois même anciennes recrues de l'ALN (au nombre de 3000), ils avaient une excellente connaissance du terrain dans leurs régions, étaient mobiles et très doués pour débusquer les caches et rebelles dans la nature mais avaient également connaissance des habitudes et des façons d'agir des fellaghas. Ils pratiquaient également la langue arabe ou berbère, étaient endurants et courageux. Ils permettaient également à l’armée de couper la population du FLN, pour qui elle est indispensable en vidant certaines zones de ses habitants et les regrouper dans des centres puis détruire les villages. La formation des forces supplétives permettaient également de contester la représentativité du FLN, qui se prétendait comme l'unique représentant des musulmans algériens, mais limitait également le nombre d’appelés français en Algérie, car une partie de l'opinion française était contre l'envoi des soldats en Afrique du nord.
Sachant que leur engagement allait les rejeter de la population pro-indépendantiste algérienne, on peut se demander pourquoi les harkis se sont engagés aux côtés de l'armée française. Il y a en effet plusieurs raisons qui les ont poussés à l'engagement.
Mon grand-père, comme beaucoup d'algériens, était pauvre et compte des victimes des exactions du FLN dans sa famille. Ainsi, son père et sa mère furent tués par un fellagha en 1957. En effet, l'engagement par intérêt économique, quoiqu'un des plus rares, fût tout de même présent, dues aux conditions de vie difficiles dans les campagnes, au fort taux de chômage et aux terres insuffisantespour nourrir les familles. Mais il ne faut pas oublier que la rétribution était minime en comparaison des risques encourus. Le motif le plus fréquent était ainsi le désir de vengeance face aux massacres injustifiés du FLN, qui, soucieux de s'imposer comme seul représentant du peuple algérien, choisit la répression et la terreur. Ainsi, le FLN menait le combat contre l’autorité française et contre le peuple algérien en assassinant des habitants au moindre soupçon d’opposition. Nombre de supplétifs ou d'anciens du FLN se sont ralliés au camp français pour la défense et la protection de leurs familles et pour fuir ou par refus de la terreur du FLN. Certains harkis se sont aussi engagés par solidarité pour leur famille ou leur clan mais également par patriotisme ou conviction politique. Elle concernait les anciens combattants convaincus de la supériorité de la France ou l’élite algérienne qui était naturalisée. Certains croyaient ainsi en l'action sociale des SAS et en leur pouvoir d’évolution pacifique de l’Algérie, quand d'autres pensaient que l’indépendance, inévitable, pouvait être obtenue avec l'aide française et non contre elle.
Mais il ne faut pas non plus considérer le rôle de l’armée française dans l’enrôlement de ces supplétifs comme nul. En effet, les exactions du FLN trouvèrent des réponses sous formes d'autres violences par le camp adverse (tortures, bombardements, ratissages...) et certains engagements étaient faits sous la force ou la pression. Effectivement, les directives de l’État-major stipulaient clairement que les officiers se devaient « d'inciter la population à se constituer en GAD et d'amener les musulmans à participer à la lutte contre les rebelles ». Les troupes utilisèrent donc divers moyens pour enrôler les « musulmans » comme désignés officiellement (malgré la laïcité française!). Un bureau de l'action psychologique fut créé, utilisant la propagande pour conquérir les habitants, des actions furent menées pour « mouiller » les musulmans et les condamner aux yeux du FLN. Plus rarement, des engagements étaient obtenus par la contrainte physique ou psychologique sous forme de menaces ou de représailles sur la famille.
Mais tout le problème de la question harki se pose dès leur désarmement fin 1961- début 1962 puis à travers leur abandon par le pouvoir français et leur appellation significative d' « oubliés de l'Histoire ». En effet, cette population harki est restée dans l'ombre, entre intégration dans la société française pour certains et marginalisation voire auto-marginalisation pour la plupart. Sans cesse en quête d’identité, les harkis et leurs descendants, dont je fais partie, sont toujours à la recherche de plus de reconnaissance de la part de l’État français. Je vais tenter d’éclaircir au cours de ce blog la situation des harkis et de leurs descendants, et je vous dis donc à la prochaine fois !
AVIGNON (84) : LES HARKIS MANIFESTENT DEVANT LA PRÉFECTURE
RépondreSupprimer28 Boulevard Limbert, 84000 Avignon
Les rapatriés harkis manifesteront le samedi 28 MAI à 14H devant la préfecture d'Avignon, « La responsabilité de la France dans le drame des harkis est actée ».
C’est « pour l’honneur de nos parents, pour notre reconnaissance et pour une loi de réparation sans cesse promise et jamais votée » Kamel Ben Moussa, Said Hamkache,Hocine Louanchi, militants de la cause harkie, appellent à la manifestation.
Le Collectif National Harkis Rapatriés Français d’Algérie et leurs Amis demande à François Hollande, le Président de la République, de tenir sa promesse électorale :
« Si le Peuple Français m’accorde sa confiance, je m’engage à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des Harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées de nuit dans des Camps en France » (François Hollande le 5 avril 2012).
« Devant le mutisme du chef de l’état qui refuse de tenir son engagement », les responsables des associations, les harkis et leurs amis organiseront donc ce nouveau rassemblement pacifique, en Mai prochain à Avignon
Hocine Louanchi porte parole du Collectif National Harkis